Trois décennies plus tard, le traumatisme est encore vivace. A chaque manifestation d’ampleur à Rennes, le Parlement de Bretagne, niché dans le vieux centre, est lourdement gardé et surveillé. Impossible pour les contestataires de s’en approcher. L’appréhension est plus grande encore quand, comme ce fut le cas la semaine dernière, ce sont les marins-pêcheurs qui descendent dans la rue, ceux-là mêmes qui ont été à l’origine de l’incendie qui a ravagé l’édifice dans la nuit du 4 au 5 février 1994. «Ça a marqué les esprits et ça a aujourd’hui un effet stigmatisant. On nous regarde d’un mauvais œil à chaque fois qu’on manifeste», reconnaissait, las, un marin-pêcheur rencontré fin janvier lors d’un rassemblement devant la préfecture.
«Ma fille qui a 16 ans est très militante et participe à de nombreuses manifs. Mais à chaque fois que les pêcheurs sont de la partie, je le lui interdis. J’ai dû mal à me justifier et elle râle, mais pour ma génération, l’incendie du Parlement, ça a été vraiment marquant», raconte Christelle, 49 ans, habitante de Re