Un Boeing 777-220 d’United Airlines reliant Denver à Honolulu, aux Etats-Unis, a atterri en urgence samedi après l’incendie de son réacteur droit, dont une partie s’est détachée. Une explosion spectaculaire mais aucun blessé, ni parmi les 241 occupants de l’avion ni au sol. Ce type d’incident n’est pas rare et tous les pilotes d’avion y sont préparés, explique Guillaume Gestas, président du Syndicat national des pilotes de ligne.
Cet incident inquiète-t-il les pilotes d’avion ?
Ce type d’événement arrive régulièrement. Cela ne veut pas dire tous les jours, mais de temps en temps. Par exemple, au cours des années 2018 et 2019, deux avions 737 de la compagnie Southwest Airlines ont aussi eu des soucis de moteur. Egalement, en 2019, un avion A 380 qui assurait un vol Air France a eu le même genre de problème au-dessus du Groenland. Nous sommes entraînés à y faire face. Ce sont les raisons pour lesquelles nous ne sommes pas paniqués par ce qui s’est passé à Denver. En cas de problèmes techniques, si nous appliquons les procédures que nous avons apprises, il n’y a pas de raison de s’inquiéter dans la majorité des cas. Personnellement, il m’est arrivé un incident il n’y a pas très longtemps. Les volets d’un avion que je pilotais se sont bloqués durant le vol. Ces pièces permettent à l’avion de décoller et d’atterrir à vitesse réduite. Nous avons donc décidé de rentrer immédiatement et de se poser sans volets. Nous avons agi de manière professionnelle et tout s’est bien passé finalement.
Après ce problème de moteur à Denver, l’avionneur américain a demandé l’immobilisation au sol de 128 de ses Boeing 777, partout dans le monde, le temps d’effectuer des vérifications. Quelles conséquences cela aura-t-il pour les pilotes de ligne ?
Les pilotes ne pourront plus voler avec des avions équipés du moteur Pratt and Whitney 4000 [celui qui était installé sur le Boeing 777 accidenté à Denver, ndlr] pendant un certain temps. Cette décision touche plusieurs grosses compagnies comme Japan Airlines ou United Airlines. Cependant les pilotes pourront continuer à utiliser les Boeing 777 qui ont des moteurs différents. Car pour l’instant, le moteur est la seule pièce que l’on pointe du doigt dans cette histoire. Les avions sont cloués au sol pour analyser et comprendre pourquoi le moteur de l’avion à Denver a pris feu. Pour ne pas incriminer tous les Boeing, il est important de rappeler que certains avions sont monomoteurs, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent utiliser qu’un type de moteur, comme les avions 737. Les autres peuvent être équipés de plusieurs modèles, c’est le cas des appareils 777.
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Quelles mesures préconisez-vous afin d’éviter que ce type d’événement ne se reproduise ?
Nous voudrions que ce genre d’événement arrive le moins possible. Maintenant, si nous voulions que cela ne se produise plus du tout, il faudrait qu’aucun avion ne vole. Le risque zéro n’existe pas, c’est comme pour une voiture. Lorsque nous conduisons un véhicule nous pouvons avoir une panne de moteur ou un problème avec une autre pièce. Si nous pouvions prévoir tout à l’avance ce serait bien, mais nous ne pouvons pas. Mais je pense que nous pouvons essayer d’améliorer nos appareils avec les systèmes de redondance [la duplication de composants dans le but d’augmenter la fiabilité des machines, ndlr]. Il faudrait aussi interroger les constructeurs pour savoir ce qu’il s’est passé afin d’avoir des retours d’expérience, qui sont des données essentielles dans notre profession.