Le ramadan s’est une nouvelle fois invité à la table du foot français. Lors du rassemblement des équipes de France de foot à Clairefontaine, la fédération a décidé de ne pas s’adapter aux joueurs musulmans qui pratiquent le jeûne. Une semi-surprise. L’année dernière, déjà, Eric Borghini, membre du comité exécutif de la FFF et président de la commission fédérale de l’arbitrage, affirmait une position de respect de la laïcité par la fédération : «L’idée est qu’il y a un temps pour tout. Un temps pour faire du sport, un temps pour pratiquer sa religion», expliquait-il. Tous les ans, le même sujet revient, comme une rengaine. Pour 2024, la FFF fixe un cadre de neutralité concernant la pratique du ramadan, conformément aux missions de service public qui lui sont confiées, comme l’organisation des championnats.
Une décision qui a eu pour effet de provoquer des réactions chez les supporters, les footballeurs mais aussi de la part d’anciens joueurs. «Que tu leur refuses des facilités dans le style de vie qu’ils ont choisi à la rigueur je peux l’entendre, mais là non… Tu veux lui interdire d’être musulman», a ainsi déclaré Demba Ba sur X, ancien de Chelsea et international sénégalais.
Décryptage
Dès lundi prochain, en plein mois du ramadan donc, le Centre national du football situé à Clairefontaine va accueillir les U23 dirigés par Thierry Henry, qui démarrent leur préparation pour les Jeux olympiques, les U19 qui participent au Tour Elite du championnat d’Europe, ou encore les U17 qui disputent le Tour Elite du championnat d’Europe en Angleterre. Pourtant, «aucune règle spécifique modifiant l’organisation collective des stages et des matchs des équipes n’est prise en lien avec une pratique religieuse», indique la fédération. En pratique, les staffs des équipes de France ont donc pour règle de ne pas modifier les conditions des stages des équipes de France. Concrètement, la FFF ne modifiera pas non plus les horaires de séances, des rencontres et des collations. Les joueurs doivent faire preuve d’adaptation. Après des discussions avec leur staff, les internationaux de confession musulmane sont priés de reporter leurs jours de jeûne en dehors des stages internationaux. Cela leur permettra notamment de rester en bonne forme pour assurer leurs activités sportives. Ils rattraperont (ou pas) donc les jours de non-jeûne après le ramadan. Il n’y aura pas non plus de rupture de jeûne durant un match, contrairement à ce qui se fait dans d’autres pays.
Au Royaume-Uni, par exemple, lors du championnat de Premier League 2023, les organisations d’arbitres avaient autorisé l’interruption du match dès le coucher du soleil afin de permettre aux joueurs pratiquants de rompre leur jeûne. Tout avait commencé en 2021 avec une scène marquante, lors d’une rencontre entre Leicester et Crystal Palace. L’arbitre avait permis à Wesley Fofana de s’hydrater au moment d’un arrêt de jeu, prévu pour, à la 34e minute. «C’est le meilleur moment de ma vie, car je ne m’attendais pas à ce geste», avait confié le footballeur français auprès du site Foot Mercato. Un an plus tard, la même scène se produisait en Allemagne, où le footballeur Moussa Niakhaté avait vu un match de Bundesliga interrompu pour lui permettre de rompre son jeûne. «Je veux retenir ce geste magnifique !» avait-il commenté.