C’est fascinant comme une rumeur peut faire trembler. Depuis plusieurs semaines, certains médias tournent en boucle sur Nantes : les chaînes d’information en continu ont sorti leurs bandeaux en lettres majuscules, les experts ont retrouvé leur fauteuil et la presse dégaine des sondages «exclusifs»… Au cœur de l’obsession du moment : la «Cité des ducs de Bretagne» serait devenue un coupe-gorge. Plusieurs faits divers survenus à quelques jours d’intervalle fin septembre sont censés le prouver : le viol qu’auraient commis deux Soudanais sur une femme en pleine rue et un règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants, dans lequel un homme de 17 ans a été blessé de plusieurs balles.
Au moment de se balader dans les rues pavées du centre-ville à 3 heures du matin, impossible de ne pas y penser. Devant certains bars, une affichette donne le ton : «Vous pouvez vous réfugier ici en cas de besoin.» Dans l’obscurité, chaque silhouette a tôt fait de devenir suspecte. On croise une femme qui trottine, juchée sur ses talons. «Je me dépêche de rentrer !» lance-t-elle avec un air de «vous savez très bien pourquoi». Non loin, trois étudiants assis sur un petit muret, près de la tour de Bretagne, cuvent une fiole de vodka premier prix. «Nous, on n’a pas peur du tout. On fait un peu