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Libération
Cold case

Isère : le meurtre d’une jeune femme reconstitué près de quarante ans après

L‘enquête autour de la disparition de Marie-Thérèse Bonfanti en 1986 s’était soldée par un non-lieu. Mais il y a trois ans, le principal suspect à l’époque avait avoué l’avoir étranglée. Ce jeudi, il a mimé la scène près de Grenoble.
Lors de la reconstitution du meurtre de Marie-Thérèse Bonfanti, en Isère, ce jeudi 15 mai 2025. (Jean-Baptiste Bornier/MAXPPP)
publié le 15 mai 2025 à 17h51

Près de quarante ans après la disparition d’une jeune femme en Isère, son meurtrier, confondu en 2022 seulement, a mimé ce jeudi 15 mai les coups portés lors d’une reconstitution du crime, a annoncé l’avocat des proches de la victime.

Menée sous la direction de deux juges d’instruction, la reconstitution a débuté à Pontcharra, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Grenoble, où avait disparu Marie-Thérèse Bonfanti le 22 mai 1986, a précisé Me Bernard Boulloud, confirmant une information du Dauphiné libéré. Elle s’est terminée au bord d’une route traversant la commune mitoyenne de La Bussière, où Yves Châtain, 60 ans, a expliqué s’être débarrassé de la victime dans un ravin.

«Yves Chatain s’est prêté, de façon détachée, à mimer les coups qu’il a portés à Marie-Thérèse Bonfanti et la façon dont il l’a transportée», a détaillé le conseil, qui a assisté à la scène avec les deux enfants de la défunte. «Cela a permis de relever certaines contradictions du mis en cause sur le déroulé des faits. […] On ne saura jamais la vérité», a-t-il regretté, tout en estimant que la reconstitution avait permis à la famille «d’avancer un peu».

Doutes sur la prescription des faits

Marie-Thérèse Bonfanti, 25 ans, avait disparu alors qu’elle distribuait des journaux. Yves Chatain, qui vivait dans le voisinage, avait été soupçonné puis relâché et l’enquête s’était soldée par un non-lieu en novembre 1987. Le dossier avait rebondi en mai 2022 avec une nouvelle interpellation de ce dernier, qui avait finalement avoué avoir étranglé la jeune femme et caché son cadavre. Six mois après, le crâne de la victime avait été retrouvé à La Bussière d’après les indications d’Yves Chatain.

Mis en examen pour enlèvement, séquestration et meurtre puis écroué, Yves Chatain avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire en décembre 2023, en raison de doutes sur la prescription des faits. Sa défense assure que le délai de prescription – qui était de dix ans pour un meurtre au moment des faits – est écoulé depuis longtemps. Mais pour Me Bernard Boulloud, le compte à rebours commence au moment des aveux et non du meurtre, puisque auparavant la jeune femme était simplement portée disparue.

Le 18 juin, la Cour de cassation doit à nouveau se pencher sur cette question, susceptible d’avoir un impact sur d’autres «cold cases», ces crimes qui restent longtemps, voire toujours sans élucidation.