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Libération
Le combat continue

IVG dans la Constitution : la statue de Simone Veil vandalisée par l’Action française, des plannings familiaux ciblés

A La-Roche-sur-Yon, le buste de l’ancienne ministre de la Santé a été dégradé vendredi 8 mars, dans une action revendiquée par l’Action française. A Lille ou Strasbourg, des centres de santé pour femmes sont victimes d’actes malveillants depuis la constitutionnalisation de l’avortement.

La statue de Simone Veil à La Roche-sur-Yon en Vendée. (Philippe Turpin / Photononstop/Philippe Turpin / Photononstop)
Publié le 08/03/2024 à 16h35, mis à jour le 09/03/2024 à 13h21

Certains rétrogrades ne digèrent toujours pas. La mairie de La Roche-sur-Yon (Vendée) a annoncé vendredi 8 mars avoir porté plainte après des actes de vandalisme commis sur une statue de Simone Veil, souillée à la peinture rouge et couverte d’un slogan hostile à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), quelques jours seulement après le vote historique faisant entrer le droit à l’avortement dans la Constitution. Des dégradations revendiquées ce samedi par l’Action française de Vendée, mouvement royaliste d’extrême droite, qui établit un lien direct avec «la cérémonie de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française» organisée vendredi à Paris.

Cette statue de Simone Veil, qui a fait adopter en janvier 1975 la loi dépénalisant l’avortement en France, a été entourée de poupons aspergés de faux sang et l’eau de la fontaine qu’elle surplombe également teinte en rouge, a expliqué la mairie, confirmant les informations de médias locaux. Selon Ouest-France, une affiche «la Constitution tue nos enfants» avait également été placardée sous le buste de Simone Veil. Dans la vidéo accompagnant la revendication de l’Action française, on peut les voir effectuer toutes ces dégradations.

La mairie de La Roche-sur-Yon dit avoir aussitôt fait nettoyer ces dégradations par des agents municipaux et déposé plainte auprès du procureur de la République dans la matinée. Ces dégradations hostiles à l’avortement sont survenues le jour même de la cérémonie d’apposition du sceau de la République sur la loi inscrivant la «liberté garantie» d’accès à l’IVG dans la Constitution, organisée à Paris sous l’égide d’Emmanuel Macron. La statue de Simone Veil avait déjà été vandalisée à la peinture en 2019, moins d’une semaine après l’inauguration de la place portant son nom.

Tags injurieux, site piraté

D’autres actes malveillants sont intervenus en cette semaine historique pour le droit à l’IVG. Mardi, les mots «Planning assassin» ont été tagués sur la devanture du Planning familial de Strasbourg. «La question de l’impact sur notre public nous ennuie, le message est apposé à un endroit où on vient chercher un accompagnement et une absence de jugement. Cela contrevient à la possibilité pour les personnes de venir trouver ce lieu ressource», avait alors réagi Claire Riffel, salariée de l’association en annonçant un dépôt de plainte.

A Rouen, la fondatrice de l’Institut médical Simone-Veil qui accompagne des femmes dans les démarches avant une IVG, avait annoncé avoir porté plainte mardi après des «actes de malveillance récurrents». «Des personnes bloquent de faux rendez-vous jusqu’à trois fois par semaine, il y en a un peu plus depuis trois semaines et le débat sur l’inscription dans la Constitution», regrettait la docteure Marianne Lainé. «Provoquer une perte de chance pour des patientes est répréhensible. Notre site internet est actuellement piraté par un site pornographique et la première ministre Elisabeth Borne a annulé une visite l’été dernier après que Borne ta mère aurait dû avorter eut été tagué sur un mur en face de l’institut», a-t-elle précisé.

Ce vendredi matin, c’est l’antenne lilloise du Planning familial qui a découvert des tags injurieux («IVG = mort», «IVG = meurtre/assassin»), sur la devanture de ses locaux. Un second assaut en quelques semaines. «Une nouvelle attaque aux droits de la femme en cette journée symbolique et après le vote historique du 4 mars dernier constitutionnalisant ce droit fondamental !» a condamné la maire de Lille Martine Aubry.

Mise à jour : ce samedi 9 mars à 13h21, avec l’ajout de la revendication de l’action de la Roche-sur-Yon par l’Action française.