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Libération
Disparition

Jacques Moalic, déporté au camp de concentration de Buchenwald puis journaliste à l’AFP, est mort à 102 ans

Déporté le 18 décembre 1943 pour faits de résistance, il avait conservé un souvenir précis de l’ouverture du camp de concentration avec l’arrivée des soldats américains le 11 avril 1945.
Portrait réalisé à Paris en août 1966 du journaliste de l'AFP Jacques Moalic, déporté au camp de concentration de Buchenwald et témoin de sa libération en avril 1945. (AFP)
publié le 25 avril 2025 à 21h48

Il avait consacré sa vie à témoigner des horreurs nazies. Le journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) Jacques Moalic, qui fut déporté pendant la seconde guerre mondiale au camp de concentration de Buchenwald, en Allemagne, est mort jeudi 24 avril. Il avait 102 ans. Selon sa fille, qui a annoncé son décès ce vendredi 25 avril, Jacques Moalic s’est éteint à son domicile, à Paris.

Déporté le 18 décembre 1943 pour faits de résistance, il avait conservé un souvenir précis de l’ouverture du camp de concentration avec l’arrivée des soldats américains le 11 avril 1945. Ce jour-là, «il y avait beaucoup de fébrilité dans le camp. On avait l’appréhension d’un massacre plus ou moins organisé des SS, et l’espoir de la libération», avait-il témoigné en avril, à l’occasion des 80 ans de l’ouverture des camps nazis.

«On a commencé à préparer des armes… et puis tout d’un coup, une unité américaine est arrivée. Les SS n’ont pas engagé le combat, ils ont préféré foutre le camp. Quelques minutes plus tard, on était dehors.» Auparavant, il avait connu le travail forcé, les exécutions arbitraires et le climat déshumanisé de violences qui régnaient dans les camps de la mort.

«J’étais un numéro»

Libéré, ce qui le frappe, «c’est la rapidité avec laquelle nous dépouillons notre peau de prisonnier, nos réflexes de concentrationnaires, comme si nous voulions tous, très vite, échapper à notre cauchemar. J’étais un numéro et je reprends mon nom», avait-il aussi écrit dans un témoignage publié par l’AFP en 1985.

Après sa sortie de Buchenwald, Jacques Moalic avait repris des études, notamment en droit. Puis il était entré à l’AFP, où il a mené une carrière de grand reporter, couvrant les sursauts du monde, de l’Algérie au Vietnam. Il fut également chargé de suivre l’Elysée pendant plusieurs années et occupa les fonctions de chef du service des informations générales.