Menu
Libération
Reportage

«J’ai aimé cette vie-là» : au camping de Dol-de-Bretagne, les derniers mois d’un paradis précaire

Article réservé aux abonnés
Crise du logementdossier
Malgré la mobilisation des résidents, dont une vingtaine habitent là à l’année dans des mobil-homes faute de pouvoir se loger ailleurs, la municipalité d’Ille-et-Vilaine s’apprête à fermer l’établissement. La fin d’un «idéal» dans une vie de précarité.
Nathalie, 57 ans, habite le camping depuis 2021. Elle devra quitter son mobile-home en septembre 2025. (Quentin Bonadé-Vernault/Libération)
publié le 20 août 2024 à 16h04

C’est un petit camping tout en longueur, lové entre deux cours d’eau, près du centre de Dol-de-Bretagne, petite cité de l’arrière-pays malouin. Passé les premiers emplacements réservés aux tentes et autres vans de passage, s’étend le damier des mobil-homes, parsemé d’indices d’une vie sédentaire : extérieurs soignés, petits potagers, terrasses couvertes aux airs d’extension… Comme chez Gilbert, tout au fond, sur une parcelle donnant sur la rivière. «J’avais planté des pommiers, de la vigne, plein de fleurs, des légumes… C’est beau ! Comment veux-tu quitter ça ?» s’extasie le jovial retraité. Depuis 2009 ce gaillard de 79 ans habite ici à l’année, comme une vingtaine d’autres personnes, arrivées petit à petit après lui. Des retraités comme Gilbert, des personnes en invalidité ou au chômage, des familles avec de jeunes enfants, des actifs : un routier, des artisans du bâtiment, des employés de la restauration ou des parcs à moules…

«Gigi», lui, a atterri là après son divorce, qui lui a laissé des dettes. «Je n’avais pas d’autres solutions, les frais d’une maison étaient trop importants par rapport à ce que je gagnais», retrace cet ancien fonctionnaire depuis la grande banquette de son salon, orné de photos de famille. Il a trouvé ici un «idéal», «une ambiance». «Si t’es malade, tous les voisins arrivent pour savoir si t’as besoin de quelque chose. Tu ne retrouves pas ça dans les appartements ou les maisons, où chacun est enfermé chez soi.»

Mais