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A la barre

«J’ai dit au client que je ne faisais pas ça. Madame R. était en colère» : la gérante d’un salon de massage thaï jugée pour traite et proxénétisme

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Deux femmes comparaissaient jeudi 30 octobre devant le tribunal judiciaire de Paris pour des faits de traite des êtres humains et proxénétisme. Elles sont accusées d’avoir réduit en esclavage sept masseuses thaïlandaises, de 2020 à 2024.

A Paris, sept femmes disent avoir été réduites en esclavage dans un salon de massage thaï du XIe arrondissement. (Gilles Targat/Photo12. AFP)
ParGurvan Kristanadjaja
Journaliste - Société
Publié le 31/10/2025 à 15h07

Sur leur devanture marron aux lettres d’or, les deux salons de massage thaï dans le XIe arrondissement de Paris promettaient détente et relaxation. «Envie d’évasion ? Besoin de retrouver votre harmonie intérieure ?» pouvait-on y lire. A l’intérieur, plusieurs box décorés de bouddhas où sept femmes travaillaient presque tous les jours, la plupart recrutées directement en Thaïlande – cinq étaient en situation irrégulière. La patronne, Mme R., le dos bien droit et les gestes assurés, leur promettait une vie meilleure dans l’Hexagone. Un calvaire en réalité.

Elles disent avoir été réduites en esclavage entre ces murs entre 2020 et 2024 : plus de 200 heures de labeur par mois payées 25 % de ce qu’elles auraient dû toucher, le tout sous la surveillance permanente de caméras. Mme R., aidée de sa fille, encourageait en outre à des pratiques sexuelles auprès de certains clients réguliers. Si elles refusaient, elles étaient sanctionnées.

«Que signifie pour vous toucher ?»

S. et P., deux des masseuses thaïlandaises, ont fini par s’enfuir et porter plainte notamment pour traite des êtres humains et proxénétisme en avril et août 2024. Elles sont accompagnées par le Comité contre l’esclavage moderne. Après les signalements, une