Sur leur devanture marron aux lettres d’or, les deux salons de massage thaï dans le XIe arrondissement de Paris promettaient détente et relaxation. «Envie d’évasion ? Besoin de retrouver votre harmonie intérieure ?» pouvait-on y lire. A l’intérieur, plusieurs box décorés de bouddhas où sept femmes travaillaient presque tous les jours, la plupart recrutées directement en Thaïlande – cinq étaient en situation irrégulière. La patronne, Mme R., le dos bien droit et les gestes assurés, leur promettait une vie meilleure dans l’Hexagone. Un calvaire en réalité.
Elles disent avoir été réduites en esclavage entre ces murs entre 2020 et 2024 : plus de 200 heures de labeur par mois payées 25 % de ce qu’elles auraient dû toucher, le tout sous la surveillance permanente de caméras. Mme R., aidée de sa fille, encourageait en outre à des pratiques sexuelles auprès de certains clients réguliers. Si elles refusaient, elles étaient sanctionnées.
«Que signifie pour vous toucher ?»
S. et P., deux des masseuses thaïlandaises, ont fini par s’enfuir et porter plainte notamment pour traite des êtres humains et proxénétisme en avril et août 2024. Elles sont accompagnées par le Comité contre l’esclavage moderne. Après les signalements, une