Menu
Libération
Reportage

«J’ai senti un changement dans ma tête pendant qu’on marchait» : vers Compostelle, des adolescents cheminent pour s’extraire d’une vie de violences

Article réservé aux abonnés
Victimes d’exploitation sexuelle, de maltraitances ou jeunes auteurs d’infractions : sur les chemins de Compostelle, des mineurs marchent pendant trois mois, accompagnés par l’association Seuil, pour «fuir» un milieu toxique et envisager un avenir.
Cette marche de trois mois est proposée à une poignée d’adolescents, sous protection de l’ASE ou placés par la Protection judiciaire de la jeunesse. A Saint-Jean-Pied-de-Port, le 16 janvier 2025. (Victorine Alisse/Hors Format pour Libération)
par Carole Suhas, Correspondante au Pays basque
publié le 26 janvier 2025 à 13h34

Les derniers jours ont été boueux et humides. Pénibles au point que Fodé (son prénom a été modifié) a envisagé d’arrêter. Ce jeune Guinéen d’à peine 17 ans est arrivé mi-janvier au Pays basque, à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques), au terme d’une marche de trois mois démarrée au Puy-en-Velay, capitale des chemins de Compostelle.

Fodé n’est pas tout à fait un pèlerin comme les autres. Il est un «enfant de l’ASE», comprendre l’Aide sociale à l’enfance, victime d’exploitation sexuelle lors de son arrivée forcée en France à l’âge de 12 ans, mineur étranger non accompagné pris en charge par le Département de la Seine-Saint-Denis. «Son» Compostelle, initié et encadré par l’association Seuil, est une parenthèse dans une vie de violences.

Six heures de marche par jour

«Au tout début, je ne voulais pas m’arrêter, je voulais juste m