
Reportage
«J’aurais aimé comprendre cette histoire plus tôt» : au camp de Buchenwald, dans les coulisses d’une pièce de théâtre historique
Jean-Baptiste Sastre traverse un chemin de terre. Le metteur en scène marque des arrêts. Les comédiens donnent la réplique dans chaque coin de Buchenwald. Tout près des barbelés, à l’entrée ; derrière le crématoire ; près de la fosse commune des soldats soviétiques ; dans le «petit camp» où des centaines de prisonniers juifs furent emprisonnées et tués. Les comédiens le suivent à la trace. Ils mettent de la vie dans un lieu où des humains ont créé l’enfer : un ancien camp de concentration nazi, créé en 1937 sur la colline d’Ettersberg, près de Weimar, en Allemagne. Jean-Baptiste Sastre regarde son téléphone à clapet. Il offre une pause à l’heure de la sieste. Il fait beau. Le soleil existe aussi à Buchenwald.
Les comédiens se posent sur une petite colline. Ils s’allongent sur la pelouse. Tranquille. Jean-Baptiste Sastre se redresse sans prévenir. Comme si un coup de jus venait de le foudroyer. Il prend un gars par le bras pour le placer en face de ses camarades. Capuche sur la tête, air malicieux, Kevin souffle un coup. Le metteur en scène ne le lâche pas des yeux. Une manière de maintenir la tension. Kevin, 27 ans, voix grave et débit haché, récite son texte. Des gestes de la main accompagnent ses mots.
Jean-Baptiste Sastre le pousse à grimper dans les décibels.