Mila déplie ses jambes. Son corps engourdi s’extirpe de la voiture. Elle se courbe à nouveau, dans l’autre sens, pour s’étirer sur le bitume de l’aire d’autoroute la Scoperta, première aire française après la frontière italienne. Mila vient d’avaler 2 500 kilomètres dans sa Nissan. Cette Ukrainienne de 31 ans a passé neuf jours derrière le volant, trois nuits sur le siège conducteur. Sa mère est à ses côtés, ses enfants Lali et Demi à l’arrière. Et, partout, jusqu’au plafond, les sacs s’entassent et renferment les souvenirs d’une vie. L’aire d’autoroute est sur le sol français : Mila voit cette étape comme une finalité. Libération a suivi la famille durant ses premiers pas en France. Il faudra encore chercher des papiers d’identité et un logement, trouver un travail et un futur. Son GPS n’annonce plus que 23 km à parcourir. Depuis le départ de Kharkiv, Mila suit une destination : «Préfecture des Alpes-Maritimes, Nice.»
Entre le 1er et le 21 mars, plus de 12 000 Ukrainiennes et Ukrainiens sont passés par ce tronçon de l’autoroute A8. Près de 40 % de ceux qui arrivent dans l’Hexagone en voiture franchissent la frontière franco-italienne, faisant des Alpes-Maritimes le premier département d’accueil des réfugiés ukrainiens. Si la plupart ne sont que de passage, d’autres prenn