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Libération
Reportage

«Je n’avais qu’une envie, quitter Mayotte» : confrontés à la violence, des Mahorais fuient leur île pour La Réunion

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Dans un département en proie à l’insécurité et paralysé par des barrages, nombreux sont ceux à envisager l’exil. A la Réunion, les acteurs de terrain disent prendre en charge de plus en plus de Mahorais depuis l’opération Wuambushu, visant à enrayer, en vain, la spirale de violence qui embrase Mayotte.
A Mamoudzou, le 28 avril 2023. (Patrick Meinhardt/AFP)
publié le 7 février 2024 à 10h40

Ahmed marchait près de l’hôpital de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte, lorsqu’un gamin de 8 ans lui demande une cigarette. Puis un euro. Ahmed refuse et s’éloigne. Il est alors rattrapé par une bande d’une dizaine de jeunes, avec «deux chiens et des machettes». Le trentenaire poursuit son récit, depuis un parking de la cité de la Chaumière, à Saint-Denis de La Réunion, où il a déménagé en décembre 2022 : «Ils m’ont fouillé, me menaçant de m’égorger si je bougeais.» Ses agresseurs lui volent deux téléphones portables et 200 euros en liquide. «Depuis ce jour, raconte l’électricien de 34 ans, je n’ai eu qu’une envie : quitter Mayotte. Ça tombait bien, ma compagne en rêvait.» Depuis son arrivée à La Réunion, le couple respire enfin : «C’est 100 % tranquille ici, personne ne m’embête.»

Combien sont-elles, ces familles qui fuient Mayotte en raison de l’insécurité hors norme qui y sévit ? Selon l’Insee, «Mayotte est une terre d’émigration» et le solde migratoire déficitaire s’accroît d’année en année : 26 000 départs, principalement vers la métropole, entre 2012 et 2017, contre 15 000 entre 2007 et 2012. Des chiffres qu’une enquête de l’institut, parue en février 2022, relativise pour la destination Réunion : chaque année, entre 2015 et 2019, seulement «550 résidents de Mayotte» se sont installés à La Réunion, 680 en 2020. «Un flux marginal au regard de la population de l’île», analyse Jamel Mekkaoui, chef d’étude à l’Insee, q