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«Je ne sors pas d’un épais brouillard» : depuis le 7 octobre, l’angoisse des Juifs vivant entre la France et Israël

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Guerre au Proche-Orientdossier
«Libération» est allé à la rencontre de Juifs français, ayant parfois un pied en Israël. Ils racontent le «choc intime» provoqué par l’attaque du Hamas et font part d’une double déchirure, entre la résurgence de l’antisémitisme en France et la perte d’Israël comme possible lieu refuge.
Clémentine et sa grand-mère, Suzanne, une rescapée d'Auschwitz. Depuis le 7 octobre, la peine de la jeune femme, dit-elle, est «inimaginable». (Noellie Jacquot-Portefaix/Hans Lucas pour Libération)
publié le 11 novembre 2023 à 12h39

Ecrire pour résister à la tristesse, à l’angoisse, à la folie. Ecrire aux aurores dans la maison encore endormie, dans la lumière tamisée et le calme de son bureau un jour férié, ou simplement consigner une idée qui surgit dans une note de téléphone. Ecrire pour meubler le temps infini depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre (environ 1 200 morts selon les derniers bilans), que l’on ait fui provisoirement Tel-Aviv pour chercher un semblant d’abri en Europe, ou que l’on soit Juif de France, tenaillé par la résurgence de l’antisémitisme et l’idée qu’une tache de sang macule désormais Israël comme incarnation de l’éternel refuge.

Pour ces citoyens vivant entre les deux pays, le 7 octobre 2023 est un «choc intime», une «fracture». Qui, passée la tétanie des premiers jours, ouvre un maelstrom de questions auxquelles chacun réfléchit dans son couloir, dans la solitude. «Etre juive, être de gauche, être féministe, être en 2023», s’inti