Ecrire pour résister à la tristesse, à l’angoisse, à la folie. Ecrire aux aurores dans la maison encore endormie, dans la lumière tamisée et le calme de son bureau un jour férié, ou simplement consigner une idée qui surgit dans une note de téléphone. Ecrire pour meubler le temps infini depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre (environ 1 200 morts selon les derniers bilans), que l’on ait fui provisoirement Tel-Aviv pour chercher un semblant d’abri en Europe, ou que l’on soit Juif de France, tenaillé par la résurgence de l’antisémitisme et l’idée qu’une tache de sang macule désormais Israël comme incarnation de l’éternel refuge.
Pour ces citoyens vivant entre les deux pays, le 7 octobre 2023 est un «choc intime», une «fracture». Qui, passée la tétanie des premiers jours, ouvre un maelstrom de questions auxquelles chacun réfléchit dans son couloir, dans la solitude. «Etre juive, être de gauche, être féministe, être en 2023», s’inti