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Libération
Témoignage

«Je veux qu’il paie pour ce qu’il a fait» : dix jours avant le procès de Pierre Palmade, l’homme blessé dans l’accident témoigne

Procès de Pierre Palmadedossier
Un an et demi après l’accident provoqué par l’humoriste sous l’empire de drogues, le conducteur de la voiture percutée est revenu sur TF1 sur les séquelles physiques et psychologiques que lui, son fils et sa belle-sœur endurent. Pierre Palmade comparaîtra au tribunal de Melun à partir du 20 novembre pour «blessures involontaires».
Yuksel Yakut est revenu dimanche 10 nvoembre sur l'accident provoqué par Pierre Palmade dans l'émission «Sept à Huit» sur TF1 et les conséquences pour lui et sa famille. (Geoffroy van der Hasselt/AFP)
publié le 11 novembre 2024 à 12h31

«Il a transformé notre vie en enfer.» Pour la famille de Yuksel Yakut, il y a eu un avant et un après 10 février 2023. Ce soir-là, roulant sur une route départementale de Seine-et-Marne, ils croisent celle de Pierre Palmade, qui percute de plein fouet leur voiture. Si Yuksel Yakut, son fils alors âgé de 6 ans et sa belle-sœur de 27 ans enceinte de presque sept mois survivent au choc frontal, les blessures physiques et psychologiques sont nombreuses, à commencer par la perte de l’enfant à naître. «Je ne veux qu’une seule chose : qu’il paye pour ce qu’il a fait», confie le père de famille dans l’émission Sept à Huit sur TF1 dimanche 10 novembre. L’humoriste sera justement jugé à partir du 20 novembre au tribunal correctionnel de Melun.

«J’ai l’impression que mon cerveau va exploser»

Lors de la collision, les véhicules sont déchiquetés. «On parle de corps broyés, de multiples fractures, de polytraumatismes. On parle d’un nombre d’opérations incalculable concernant le conducteur et quand on dit qu’il aurait pu y passer ce n’est pas une formule, c’est réel», résume l’avocat des parties civiles, Mourad Battikh, dans cette même émission. «J’ai été opéré du ventre, des épaules, des jambes, des pieds», énumère le père de 38 ans, qui dit ne plus avoir de sensations sur trois doigts. Son quotidien ? La douleur. «Quand je marche, les plaques que j’ai dans les jambes me font beaucoup souffrir. Même pour faire ma toilette et pour marcher, je dois demander de l’aide à mes proches», décrit-il. Ces douleurs sont «tellement intenses» que l’homme se dit «épuisé». «J’ai l’impression que mon cerveau va exploser», affirme-t-il.

Son fils Devrim, qui était à l’arrière de la voiture, attaché comme l’ensemble des passagers, «ne va pas bien du tout». «Il ne veut plus sortir à cause des cicatrices qu’il a à la tête, il a mal en permanence. Il ne supporte plus ni le soleil, ni le froid», assure son père. «Il a des plaques dans la bouche alors quand il mange, ses mâchoires se fatiguent très vite». Outre les séquelles physiques, l’enfant «a dû redoubler sa classe de CE1». Les maîtresses auraient rapporté au père des «crises de panique». «Il n’arrive plus à se concentrer», souligne-t-il.

Un avenir incertain

L’enfant à naître de la jeune maman, Mila, n’a pas survécu à l’accident. Pierre Palmade avait d’abord été mis en examen pour «homicide involontaire» pour la mort du bébé, mais il comparaîtra finalement pour «blessures involontaires». Selon une jurisprudence, un enfant mort-né ne peut pas être considéré comme une personne. L’avocat des victimes voudrait faire évoluer cette décision de justice : «On a un bébé qui allait naître, qui n’a pas pu naître du seul fait de cet accident. Et on voudrait faire comme si cela était anecdotique. […] Elle était sur le point d’accoucher, elle avait donné un prénom à cet enfant, des affaires étaient achetées, la chambre était prête, ça a existé. Le droit ne peut pas nier l’existence de cet enfant qui allait naître.»

Pierre Palmade encourt jusqu’à 14 ans de prison et 200 000 euros d’amende pour les faits dont il est accusé, à savoir d’avoir roulé avec une importante quantité de cocaïne et de 3MMC, une drogue de synthèse, dans le sang. D’après son ami François Rollin, également comédien, Pierre Palmade serait «abstème [personne qui ne boit pas d’alcool, ndlr] depuis un peu plus d’un an, ni drogue ni alcool». Le fait d’avoir blessé un enfant et provoqué la mort d’un autre dans le ventre de sa mère, «ça le hantera jusqu’à la fin de ses jours», estime-t-il. «Pourquoi il survit ? Parce qu’il a la folle envie d’essayer de demander pardon, d’essayer de réparer, c’est ça qui le tient debout», selon son ami. En face, Yuksel Yakut voit le futur comme une incertitude permanente. «Je ne sais pas quel va être notre avenir, à mon fils et moi. Est-ce que je pourrai retravailler un jour, est-ce que je vais rester dans cet état ? Je ne sais pas.»