A sa façon, Jérôme Bayle est un meilleur poète que Sylvain Tesson. Un cabossé de la vie, brut de décoffrage, applaudi à droite et surtout pas attaqué à gauche. L’éleveur barbu de Montesquieu-Volvestre, 42 ans, a imposé sa carcasse d’ex-rugbyman en figure de proue des agriculteurs en colère. Ses mots sont souvent crus, sous le bonnet de laine ou la casquette portée la visière à l’envers. S’emparant du micro le 16 janvier sur la place du Capitole, à Toulouse, où un millier d’agriculteurs venus de toute la région ont défilé avec leurs tracteurs, le semeur de révolte a appelé «ceux qui ont des couilles» à bloquer l’autoroute A64, s’opposant ainsi aux leaders régionaux de la FNSEA – le syndicat majoritaire dont il est pourtant adhérent –, qui demande aux troupes de rentrer sagement à la maison.
Cet acte de défi n’est en rien isolé. «On est une bande de potes», glisse un éleveur quadragénaire du Volvestre qui figure dans le trio des chevilles ouvrières