Quand elle évoque son fils, Béatrice (1) parle de lui au passé. Il y a vingt-deux ans, son enfant unique a rompu tous les liens après un embrigadement au sein d’Amour et Miséricorde, un groupe catholique considéré comme un mouvement à caractère sectaire par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Au plus fort, le groupe a compté jusqu’à 150 adeptes. Comme cette mère, des milliers de familles ont vu l’emprise pénétrer insidieusement leur quotidien. En 2021, note l’agence dans son rapport d’activité, la Miviludes a reçu 4 020 signalements, un chiffre en augmentation de 33,6 % par rapport à 2020. Pour renforcer la lutte contre ces groupes, l’Assemblée nationale examine ce mardi 13 février un projet de loi. Malgré de nombreuses tentatives pour le ramener à la maison, Béatrice raconte sa vie brisée par la décision brutale de son fils.
«Mon fils est né en 1975. Même s’il était fils unique, il était extrêmement tourné vers les autres. Il a passé une enfance normale, il avait des loisirs, organisait toujours un tas d’activités avec ses nombreux amis. Il a fait des études, a été diplômé d’un BTS en commerce international. Plus jeune, il était scout, car nous sommes catholiques. Devenu majeur, il a pris son indépen