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Reportage

Jeunes Ukrainiens accueillis en France: «J’ai une vraie chance d’être ici, voire un sentiment de culpabilité»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Depuis le début de la guerre en Ukraine, une famille d’Aix-en-Provence, qui recevait depuis des années des enfants ukrainiens dans le cadre de colonies de vacances, en héberge désormais dans un contexte tout autre. Malgré les difficultés administratives, elle se démène pour leur offrir un bon cadre de vie.
Dans le jardin de Martine Dormois, à Luynes, Andrii et Dasha jouent avec Asya, 3 ans, dont le père est resté en Ukraine. (Olivier Monge/Myop pour Libération)
par Arthur Quentin, envoyé spécial à Aix-en-Provence
publié le 10 avril 2022 à 12h52

Martine Dormois pose sur la table de son salon un gigantesque album photos intitulé «Ivanna». Les pages défilent et les souvenirs s’entremêlent dans l’esprit de cette habitante d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) de 74 ans. Ivanna au Marineland d’Antibes, Ivanna à Dinosaur’Istres, Ivanna à Marseille… «Tiens, c’est vrai qu’on l’avait emmenée dans les calanques», se remémore pour Libération la retraitée comme si elle parlait de sa petite-fille.

Pourtant l’adolescente blonde qui figure sur ces clichés de vacances ne fait pas partie de sa famille. C’est une petite Ukrainienne qu’elle a commencé à accueillir certains étés depuis 2008, grâce à l’association «les Amis de la région de Rivné». Cette dernière organise chaque année des séjours en France pour des enfants de cet oblast ukrainien, situé dans le nord-ouest du pays et fortement contaminé par le nuage radioactif de Tchernobyl en 1986. Un lien particulier s’est notamment tissé entre la famille de Martine et Ivanna.

A force de venir en France, elle a fini par être complètement intégrée à la famille Dormois. Maeva, la petite-fille de Martine est devenue sa «sœur d’été». Les deux se sont appris leur langue respective, que chacune parle parfaitement après huit périodes de vacances passées à converser. Si bien qu’à sa majorité, en 2017, la jeune Ukrainienne est venue faire ses études d’économie à l’université d’Aix-Marseille, hébergée par sa «deuxième famille». Cette année, elle a même réussi à intégrer