Martine Dormois pose sur la table de son salon un gigantesque album photos intitulé «Ivanna». Les pages défilent et les souvenirs s’entremêlent dans l’esprit de cette habitante d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) de 74 ans. Ivanna au Marineland d’Antibes, Ivanna à Dinosaur’Istres, Ivanna à Marseille… «Tiens, c’est vrai qu’on l’avait emmenée dans les calanques», se remémore pour Libération la retraitée comme si elle parlait de sa petite-fille.
Pourtant l’adolescente blonde qui figure sur ces clichés de vacances ne fait pas partie de sa famille. C’est une petite Ukrainienne qu’elle a commencé à accueillir certains étés depuis 2008, grâce à l’association «les Amis de la région de Rivné». Cette dernière organise chaque année des séjours en France pour des enfants de cet oblast ukrainien, situé dans le nord-ouest du pays et fortement contaminé par le nuage radioactif de Tchernobyl en 1986. Un lien particulier s’est notamment tissé entre la famille de Martine et Ivanna.
A force de venir en France, elle a fini par être complètement intégrée à la famille Dormois. Maeva, la petite-fille de Martine est devenue sa «sœur d’été». Les deux se sont appris leur langue respective, que chacune parle parfaitement après huit périodes de vacances passées à converser. Si bien qu’à sa majorité, en 2017, la jeune Ukrainienne est venue faire ses études d’économie à l’université d’Aix-Marseille, hébergée par sa «deuxième famille». Cette année, elle a même réussi à intégrer