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Indésirables

Jeux olympiques : 12 545 personnes ont été expulsées d’Ile-de-France, les associations dénoncent un «nettoyage social»

JO Paris 2024dossier
Le collectif d’associations le Revers de la médaille publie ce lundi 3 juin un rapport selon lequel le nombre d’expulsions, en particulier de migrants, a fortement augmenté en région parisienne en amont des JO 2024.
Des dispositif «anti SDF» installés sous le pont Charles-de-Gaulle, dans le 13e arrondissement de Paris, le 19 mars. (Stéphane Lagoutte/Myop.Libération)
publié le 3 juin 2024 à 7h40

Sous «la pression» de l’organisation des Jeux olympiques dans la capitale, la région parisienne a été «vidée d’une partie de ses habitants les plus précaires», en un an, dénoncent ce lundi 3 juin dans un rapport des associations qui déplorent la volonté «d’invisibiliser» la pauvreté.

Selon le collectif le Revers de la médaille – qui rassemble quelque 80 associations d’aide aux personnes les plus fragiles –, le «nettoyage social» s’est amplifié à l’approche des JO de Paris cet été. Sur la période 2023-2024, il a recensé 138 expulsions en Ile-de-France (dont 64 de bidonvilles, 34 de tentes et 33 de squats) contre 121 il y a deux ans et 122 pour l’an dernier.

Ces expulsions ont concerné 12 545 personnes, principalement des migrants, soit une augmentation de 38,5 % par rapport à la période de 2021-2022, selon ce rapport. Dont 3 434 étaient mineures, soit deux fois plus que l’année précédente et trois fois plus qu’entre 2021-2022.

Ces personnes ont été dispersées en dehors de l’Ile-de-France pour être abritées dans des sas d’accueil temporaires régionaux, créés en mars 2023, pour une durée maximum de trois semaines, avec la promesse à l’issue d’un hébergement pérenne. Mais, relève le collectif, ces envois en région ont eu lieu en l’absence de consentement «véritablement libre et éclairé», avec, au final, de nombreuses remises à la rue en raison de la situation administrative des migrants.

«Déshumanisation»

Le collectif déplore également la «quasi-inexistence» de diagnostic social en amont des expulsions, ce qui conduit à une «déshumanisation et une absence de considération des situations individuelles». Par ailleurs, le Revers de la médaille déplore «le harcèlement» et des «contrôles administratifs à répétition» des travailleuses du sexe, dans le but de les «éloigner de l’espace public».

L’association Aides, qui gère un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) à proximité des Halles à Paris, a aussi constaté de «nombreuses expulsions» dans les stations de métro et une «forte» présence policière dans la zone alentour concernée par un arrêté d’interdiction des rassemblements. Ce qui a un impact sur la fréquentation du centre.

Toutes ces opérations à l’encontre des personnes en situation de précarité mettent également à mal le travail des associations, déplore le Revers de la médaille.

Courant janvier, la Défenseuse des Droits, Claire Hédon, avait annoncé qu’elle allait se saisir de ce sujet. «Il peut y avoir un risque pour le respect des droits et des libertés», estimait-elle, évoquant également la question du relogement des étudiants pendant les Jeux olympiques, la «liberté de manifester» ou encore «l’utilisation de l’intelligence artificielle».