«Les JO ça devrait arriver plus souvent, décrète Imany, 12 ans. C’est mieux que le foot, ça plait à tout le monde.» Derrière ses lunettes de soleil, le regard brillant de la collégienne se pose tantôt sur la piste d’athlétisme, située quelques mètres plus bas, tantôt sur les supporteurs qui ne lésinent pas sur les applaudissements. Ce jeudi 8 août, le stade de France accueille les épreuves d’athlétisme. «C’est la première épreuve que je vais voir. Ça change de la télé ! Ici, il y a de la musique, on est avec le public, on s’encourage, c’est vraiment super», s’enthousiasme l’adolescente montreuilloise. A l’instar des autres collégiens assis à ses côtés dans les gradins, c’est parce qu’elle passe en cinquième qu’Imany a pu obtenir une place pour assister aux Jeux.

Au total, 700 élèves de cinquième des collèges publics de Seine-Saint-Denis ont reçu un billet pour eux et un accompagnateur, afin d’assister aux épreuves olympiques et paralympiques. Nom de l’opération : Pass’sport 5e. «C’est un dispositif mis en place depuis 2022 qui vise à favoriser la pratique sportive. Les collégiens de cinquième inscrits reçoivent une aide de 100 euros dès lors qu’ils souscrivent une licence sportive. En 2024, sur les 19 000 collégiens entrant en cinquième en Seine-Saint-Denis, 3 200 d’entre eux ont pris le Pass’sport 5e» explique Zaïnaba Said Anzum, conseillère départementale de Seine-Saint-Denis, déléguée aux Sports.

Le petit plus cette année : des billets pour assister aux Jeux. Mais seulement 22 % des personnes inscrites au Pass’sport 5e ont fait la démarche en ligne permettant d’obtenir une place. En cause, «la période estivale», suppose Zaïnaba Said Anzum, qui précise qu’une communication a bien été réalisée dans les collèges de Seine-Saint-Denis.

«Mieux qu’à la télé», «trop bien», «impressionnant». De bouche en bouche, les mots font écho aux sourires des collégiens. Celui de Soumaya rayonne : «Je suis trop contente de pouvoir regarder pour de vrai, de pouvoir faire la «ola», de ressentir l’esprit JO.» Sans ce dispositif, nombre de collégiens n’auraient pas pu assister à l’épreuve. «Non seulement les places sont parties super vite, mais c’était surtout extrêmement cher ! déplore Gina, venue avec son fils Isaiah. Sans mon fils, je n’aurais pas pu être ici.» Emmanuelle, maman de Mia, abonde : «J’avais regardé les packs, les prix étaient absolument délirants. Mais bon, c’est indescriptible cette ambiance, cette chaleur. Je me dis que oui, c’est populaire. Et super bien organisé !»

Quelques sièges plus loin, un papa demeure sceptique : «Quand je vois 500 euros pour aller voir un match, c’est trop ! Ce n’est pas accessible. Il aurait fallu un tarif spécial pour les jeunes de Seine-Saint-Denis.» Le Montreuillois regrette le «Paris un peu fake» que l’on sert aux touristes. «Il n’y a plus de Parisiens, plus de gens à la rue, plus de voitures… il ne reste que les bâtiments et les touristes !»

Quelque 180 000 places au total, comprenant la cérémonie d’ouverture, les épreuves olympiques et paralympiques, ont été distribuées en Seine-Saint-Denis, département qui compte 1,654 million d’habitants. Avec cette billetterie sociale ventilée notamment entre les clubs sportifs, les séniors, les foyers ASE et les structures scolaires, le département a développé «plusieurs aspects, pour faire en sorte que ces Jeux soient populaires et que la population s’approprie ce temps, avec un fil rouge : favoriser la pratique sportive et faire découvrir de nouvelles disciplines», précise Zaïnaba Said Anzum. 45 000 billets ont été mis à disposition des mouvements sportifs, comprenant le Pass’sport 5e, avec «une répartition équitable, c’est-à-dire mixte en âge, non genrée et sans condition de ressources».