La réunion devait se dérouler dans un esprit de «dialogue et d’ouverture», confiait l’entourage du ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, à l’AFP, dix jours après que le gouvernement a annoncé son intention d’ajouter deux jours de carence aux arrêts maladie des fonctionnaires, ainsi que de baisser leur niveau d’indemnisation en le faisant passer de 100 % à 90 % du traitement. Des mesures censées générer 1,2 milliard d’euros d’économies, que le gouvernement souhaite faire passer par le biais d’amendement à son projet de loi de finances 2025 actuellement examiné par le Parlement. Mais qui alimentent un «fonctionnaires-bashing» régulièrement dénoncé par les organisations syndicales représentant les 5,7 millions d’agents publics.
A l’issue de cette réunion, on se dirige vers un très probable mouvement de grève dans la fonction publique, dont les modalités et surtout l’ampleur restent à préciser. Les huit principaux syndicats représentant les agents de l’Etat, du secteur hospitalier et des collectivités.
«On va prendre le jeu du ministre au mot : trois jours de carence, trois jours de grève»
Si s’exprimer est une chose, être entendu en est une autre. Le ministre est resté «droit dans ses bottes» au sujet des jours de carence, rapporte Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU : «Tout ce qu’on a pu lui dire au sujet de ce qui blesse les fonctionnaires, comme le mot «absentéisme», il ne répond pas.» Pour le syndicaliste, c’est le signe d’un «malaise», et «d’un ministre qui n’assume pas, ne prend pas la mesure de la manière dont ses propos sont reçus».
Aussi, à l’issue des échanges, la CGT et FO ont fait connaître aux médias leur intention d’appeler à la grève. «On va prendre le jeu du ministre au mot : trois jours de carence, trois jours de grève», a lancé Christian Grolier, secrétaire général de FO Fonction publique, première organisation de la fonction publique d’Etat. Mais dans les faits, l’annonce proprement dite d’une date de mobilisation ne devrait pas intervenir avant mardi prochain, jour où l’intersyndicale a prévu de se réunir. Pour la CGT, Christophe Delecourt n’a pas fait mystère du fait qu’«à cette occasion, nous porterons l’idée d’une première journée de mobilisation intégrant la forme grève et manifestations». La FSU aussi y est «favorable», mais tient à ce que l’appel soit le plus large possible, afin que le mouvement soit «massif», explique Benoît Teste. La décision de la CFDT, qui va consulter ses équipes, sera cruciale. «On fait une mobilisation pour qu’elle soit réussie», souligne Mylène Jacquot.
La fusion des catégories écartée
Les motifs de mécontentement ne se limitent pas au sujet des arrêts maladie. Malgré les demandes répétées des syndicats, il n’y aura pas de revalorisation du point d’indice cette année, a confirmé Guillaume Kasbarian ce vendredi 8 novembre sur RMC, affirmant que «le contexte budgétaire ne nous [le] permet pas». Pas plus qu’il ne permet, selon lui, «d’augmenter et de verser la prime Gipa», (Garantie individuelle du pouvoir d’achat), destinée à compenser l’inflation. Les rares concessions du ministre sont à chercher dans la manière dont il se démarque de son prédécesseur, Stanislas Guérini, s’agissant d’un éventuel futur projet de loi censé redonner de «l’attractivité» à la fonction publique. Sur RMC, il assure ainsi qu’il n’est plus question de supprimer les catégories (A, B, C), comme l’envisageait son prédécesseur Stanislas Guérini : «Ce projet-là [...] a été mis de côté.»