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Enquête

L214, une association qui ferraille des abattoirs aux prétoires

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L’association animaliste connue initialement pour ses vidéos chocs a changé de dimension, notamment grâce à ses passages devant les tribunaux. Au risque d’une crise de croissance interne et de braquer ses rares alliés dans le milieu agricole en militant pour une alimentation sans viande.
Dans les locaux du siège de L214, à Paris le 29 mars. (Albert Facelly/Libération)
publié le 15 mai 2024 à 12h01

Le début de la fin du foie gras à la française ? Jeudi 16 mai à Strasbourg, le tribunal administratif va examiner une énième requête de l’association L214 contre l’Etat français, poursuivi pour faute. En cause, son non-respect d’une directive européenne de 1998 qui proscrit toute forme d’alimentation provoquant des «souffrances ou dommages inutiles» aux animaux. Car sa transposition partielle en droit français, aux petits oignons, maintient la porte ouverte au gavage des oies et surtout des canards – 95 % de la production hexagonale de foie gras, qui emploie directement ou indirectement 100 000 personnes. Bien décidée à ferrailler jusqu’au bout, l’association L214 se dit disposée, après des années de procédure, à saisir in fine la Cour de justice européenne. A moins que les magistrats strasbourgeois ne la saisissent de leur proche chef, pour éviter de devoir juger eux-mêmes à domicile.

Cette procédure à combustion lente n’est que le dernier fait d’armes d’une petite asso devenue grosse machine – elle vient de franchir le cap des 100 salariés. L’ONG fondée en 2008 par une petite bande de militants animalistes est désormais respectée en justice, invitée au Parlement, mais toujours mal vue par le ministère de l’Agriculture et la FNSEA. L214, du nom d’un article du code rural qui définit les animaux comme des «êtres sensibles» et non pas seulement de la future viande (1), trace sa route.

Les vidéos dénonçant les conditions d’élevage et d’abattage des animaux (bovins,