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Reportage

La Bérarde, un mois après : «Une catastrophe économique après la catastrophe naturelle»

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Dans la vallée alpine du Vénéon, les modalités de reconstruction des villages ravagés par une crue en juin font débat. Pour l’heure, les commerces sont asphyxiés par la désertion des touristes.
Au village de La Bérarde, à Saint-Christophe-en-Oisans, le 19 juillet. (Etienne Maury/Libération)
par François Carrel, Envoyé spécial à St-Christophe-en-Oisans (Isère)
publié le 25 juillet 2024 à 19h28

Un mois après la crue torrentielle du 21 juin, La Bérarde est un village fantôme. A 1 700 mètres d’altitude au fond de la vallée du Vénéon, cœur de l’Oisans et du parc national des Ecrins, le hameau mythique reste une zone interdite. La route qui mène là, endommagée par la crue et fermée par arrêté préfectoral, est barrée par un portail de fer à trois kilomètres en aval. Depuis Saint-Christophe-en-Oisans, chef-lieu, il faut marcher des heures sur les sentiers de la rive gauche du Vénéon pour approcher le hameau.

Le voilà. Pas une âme, pas un bruit si ce n’est le grondement sourd et puissant du torrent des Etançons, charriant des eaux blanches d’écume et d’invisibles blocs de pierre dans son nouveau lit, qui coupe désormais le village en deux. Une tranchée large de 10 mètres et profonde de 4 à 5 mètres, là où se dressaient la chapelle de Notre-Dame-des-Glaciers, quelques maisons, des cheminements piétonniers et, en contrebas, la partie principale du parking arboré de ce haut-lieu touristique. Tout a été balayé. Sur les nouvelles rives du torrent, des maisons éventrées laissent pendre leurs planchers dans le vide ; d’autres, plus haut, sont perchées sur le socle rocheux mis à nu, comme en équilibre.

Partout autour, c’est un chaos de blocs blancs, parsemé d’innombrables débris de bâtiments. L