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Alpes

La construction d’une retenue d’eau à la Clusaz retoquée par la justice

Le tribunal administratif de Grenoble a suspendu ce mardi, au nom de la protection de l’environnement, l’arrêté préfectoral autorisant le lancement des travaux de ce lac notamment destiné à produire de l’enneigement artificiel pour la station de ski.
L'entrée de la ZAD dans les bois de la Colombière, occupé depuis fin septembre par des militants écologistes opposés au projet. (Pablo Chignard/Libération)
publié le 25 octobre 2022 à 14h22

Une victoire pour les zadistes. Un arrêté préfectoral autorisant le lancement de travaux pour la construction d’une retenue collinaire destinée à alimenter la station de ski de La Clusaz (Haute-Savoie) a été suspendu ce mardi par le tribunal administratif de Grenoble au nom de la protection de l’environnement.

«L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite», a estimé le juge des référés dans son ordonnance publiée sur le site du tribunal.

Le lac artificiel devait être creusé en montagne dans le bois de la Colombière, dans une zone restée non aménagée, située au-dessus d’une tourbière et à proximité immédiate d’une zone classée Natura 2000. Le lieu est occupé depuis fin septembre par des militants écologistes opposés au projet. Ce camp, baptisé par les occupants «la Cluzad», est la toute première zone à défendre (ZAD) jamais créée en altitude dans les Alpes françaises, racontait Libération au début du mois.

Le tribunal avait été saisi en urgence par plusieurs associations régionales dont France Nature Environnement, Nouvelle Montagne, Mountain Wilderness France et la Ligue de protection des oiseaux.

«Extermination de 58 espèces protégées»

Pour le juge, «la condition d’urgence est remplie du fait que les travaux de défrichement sont prévus en octobre-novembre 2022 et que les opposants au projet qui occupent le site sont susceptibles d’être expulsés par les forces de l’ordre à brève échéance». Critiquant la «légalité» de l’arrêté préfectoral d’autorisation de défrichement publié fin septembre, le juge condamne l’Etat aux dépens, pour un montant de 1 200 euros.

Le projet d’un coût de 10 millions d’euros prévoit de creuser 148 000 m3 dans la montagne. Surface artificialisée au total : huit hectares, l’équivalent d’environ onze terrains de foot. Il vise à «assurer l’enneigement du domaine skiable à hauteur de 45 %», selon les militants du groupe Extinction Rebellion qui occupent le site. «Cela coûtera l’extermination de 58 espèces protégées», avec «saccage» d’un bois, «mise en péril de zones humides», et «condamnation de la vie piscicole» d’un ruisseau, avec «une dépense en énergie faramineuse pour l’acheminement de l’eau», selon eux.

Pour le maire de La Clusaz, Didier Thévenet, le bassin de rétention d’eau est indispensable pour soutenir l’économie de la station de moyenne montagne et l’emploi de ses habitants, très dépendant du tourisme, alors que l’enneigement pâtit du réchauffement climatique et que l’eau potable risque de manquer du fait de l’irrégularité croissante des précipitations.