Menu
Libération
Liberté de la presse

La journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux présentée à un juge des libertés et de la détention

Ariane Lavrilleux a été convoquée ce lundi matin 25 septembre au tribunal de grande instance de Paris, selon «France Info». Mardi dernier, elle avait été placée en garde à vue pour avoir révélé en novembre 2021 la complicité «d’exécutions arbitraires» orchestrée par le gouvernement égyptien.
Ariane Lavrilleux lors d'une conférence de presse à Paris, le 21 septembre 2023. (Thomas Samson/AFP)
publié le 25 septembre 2023 à 11h46
(mis à jour le 25 septembre 2023 à 13h53)

Après la perquisition de neuf heures à son domicile et une garde à vue de quarante-huit heures, voilà maintenant la journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux convoquée ce lundi matin 25 septembre au tribunal de grande instance de Paris, selon une information de France Info. La journaliste, à l’origine de révélations sur la complicité de l’Etat français dans une «campagne d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature égyptienne», a été présentée devant le juge des libertés et de la détention (JLD).

Le JLD se prononcera mercredi sur la validité des saisies opérées au domicile d’Ariane Lavrilleux, a indiqué lundi à l’AFP son avocate, Me Virginie Marquet. Ariane Lavrilleux, journaliste collaborant avec le site d’investigation Disclose, a été placée en garde à vue entre mardi 19 et mercredi 20 septembre, dans le cadre d’une information judiciaire en cours depuis juillet 2022, ouverte par le parquet de Paris pour compromission du secret de la défense nationale et révélation d’information permettant de découvrir l’identité d’agents de renseignement.

La semaine dernière, deux juges d’instruction parisiens avaient ordonné le placement en garde à vue de la journaliste et d’un ancien militaire. Ariane Lavrilleux avait été relâchée mercredi soir, libre. L’ancien militaire, que la justice semble considérer comme l’une des sources d’articles publiés par le média Disclose et notamment signés par Ariane Lavrilleux, a lui été présenté jeudi aux juges d’instruction parisiens.

D’après le parquet de Paris, il a été mis en examen pour détournement et divulgation du secret de défense nationale par son dépositaire, deux infractions passibles de sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende. Il a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé le ministère public.

«La fin du journalisme»

Une vague de soutien avait émergé à la suite de ce coup porté contre la liberté de la presse. Des rassemblements avaient eu lieu mercredi dans plusieurs grandes villes, comme à Paris, Lyon ou Marseille. Plusieurs associations majeures défendant la liberté de la presse, telles que Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty International, ont également condamné la mesure.

Lors d’une conférence de presse jeudi après-midi au siège de RSF à Paris, Ariane Lavrilleux s’était indignée d’un «nouveau cap» franchi contre la liberté d’informer, dénonçant un «détournement des services de la justice» : «Si on ne protège pas les sources, c’est la fin du journalisme.»

Pour elle, cette arrestation intervient «après des attaques qui se multiplient ces dernières années, essentiellement sous la présidence d’Emmanuel Macron», contre la liberté de la presse.