Les salariés de la tour Eiffel ont le sens du symbole. A l’occasion du 100e anniversaire de la mort de Gustave Eiffel, la «Dame de fer» a gardé ses portes closes en ce mercredi 27 décembre. La raison : une grève des salariés de la tour Eiffel. «Les salariés en grève» de la société d’exploitation de la tour Eiffel (Sete) se sont justifiés dans un communiqué : ils entendent dénoncer la «gestion irréaliste» de ce monument emblématique dont ils jugent désormais le modèle économique «trop ambitieux et intenable».
«La tour Eiffel est une vieille dame. Elle a 130 ans. Certains ascenseurs datent de 1899. Il y a de gros travaux de maintenance, de rénovation, de conservation du patrimoine» et le coût de ceux-ci a été «sous-évalué», a détaillé Stéphane Dieu, délégué syndical CGT à la tour Eiffel. D’autre part, les salariés grévistes pointent dans un communiqué une «surévaluation des recettes basées sur des objectifs de fréquentation annuelle de 7,4 millions de visiteurs», alors que ces niveaux n’ont encore «jamais été atteints». «La gestion actuelle mène tout droit la Sete dans le mur», assurent-ils. L’intersyndicale CGT-FO avait appelé à la grève pour cette seule journée.
«La tour Eiffel se porte bien économiquement»
La société d’exploitation emploie près de 360 salariés qui veillent à l’entretien, l’exploitation et l’animation du monument dans le cadre d’un contrat de délégation de service public avec la Mairie de Paris. De son côté, Jean-François Martins, président de la Sete, s’est montré rassurant : «La tour Eiffel se porte bien économiquement» assure-t-il. Et ce malgré trois années de pandémie de Covid-19 et une hausse des coûts de travaux, notamment due à l’inflation et au durcissement des réglementations sur l’utilisation du plomb, a-t-il fait remarquer. Ce mouvement de grève traduit selon Jean-François Martins «l’impatience» des salariés qui réclament des propositions de la Ville de Paris pour ajuster le modèle économique de la tour d’ici à 2030, mais surtout leur «inquiétude» d’être désignés comme variable d’ajustement pour amortir les pertes essuyées durant la pandémie.
A lire aussi
Inaugurée en 1889 pour l’exposition universelle de Paris, la tour Eiffel est vite devenue un symbole de la capitale et de la France. L’an dernier, elle a reçu près de 5,9 millions de visiteurs, selon les chiffres de la société d’exploitation, un record depuis 2019 et la pandémie.
Mercredi, l’accès au parvis du monument est toutefois resté ouvert et gratuit, envahi comme chaque jour de l’année par des touristes fascinés par le monument. Le mouvement social n’était prévu qu’un seul jour, les grévistes ne souhaitant pas «impacter les visiteurs durablement pendant cette période de fêtes». «Mais si la situation perdure et que la Ville refuse de revoir son modèle de gestion irréaliste, la tour Eiffel sera fermée pendant la période des Jeux olympiques (26 juillet-11 août)», ont-ils menacé. Au printemps, des mouvements de grève lors de la mobilisation contre la réforme des retraites avaient obligé la tour Eiffel à fermer pendant dix jours.