Depuis deux semaines, Paris est éclairé par une seconde lune. La première, tout le monde s’en fiche. La deuxième attire les foules du monde entier. Elles se pressent chaque soir aux abords du jardin des Tuileries, massives, téléphone en mains, guettant dans le crépuscule son ascension silencieuse. Pour la capturer à jamais, Mathieu a apporté son trépied et un téléobjectif. La veille, le quadra photographe avait tenté de l’approcher à distance, avec un grand angle. «Mais c’est compliqué, le ciel est noir, la vasque est enflammée… Je pense que cela rendra mieux si je zoome», chuchote-t-il. Soudain une clameur : l’astre olympique s’élève. Mathieu shoote. Comme les milliers d’autres derrière lui, les yeux rivés sur le ballon tanguant au vent de la nuit. Puis il fait défiler les photos sur son appareil. Déception. «C’est raté.» Mathieu ne parvient pas à saisir cette lune. Personne, en réalité, ne parvient vraiment à saisir ce qu’il se passe ces temps-ci à Paris.
Après la brutalité de la semaine précédant l’ouverture des Jeux, avec ses zones fermées à la circulation aux abords de la Seine, l’interdit de grillages transformant les balades familiales en chemin de ronde et les multiples alertes sur les réseaux sociaux prévoyant le pire à tout coup (E. coli,