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Bloquons tout

«Ça fait longtemps que je suis en colère et ça ne s’arrête plus» : le 10 septembre vu de Marmande

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Dans cette ville socialiste où le RN est arrivé en tête des dernières élections législatives et où les actions coup de poing de la Coordination rurale sont applaudies, le bouillonnement est palpable. On attend le 10 septembre comme on guette un orage : sans trop savoir s’il éclatera, ni jusqu’où il pourrait faire des dégâts.

A Marmande, le RN a fait 57 % aux législatives. (Rodolphe Escher/Libération)
ParEva Fonteneau
envoyée spéciale à Marmande (Lot-et-Garonne)
Publié le 05/09/2025 à 19h34

Il a suffi d’un rien pour voir Dominique monter dans les tours au milieu des rangées d’arbres de la plaine de la Filhole à Marmande. A la simple évocation du contexte politique et social, la sexagénaire s’est mise à agiter sa béquille dans les airs en signe de protestation. Avec une retraite qui ne dépasse pas les 1 000 euros et un cancer en récidive, Dominique ne croit plus à grand-chose. Ni à Paris, ni aux promesses. «Ça fait longtemps que je suis en colère et ça ne s’arrête plus», résume-t-elle. Elle dénonce «un cirque politique sans fin», se lamente de devoir compter sur ses amies pour vivre «décemment», «des racailles qui attaquent les gens honnêtes», «des étrangers qui ont tout» et elle rien. «Bien sûr, je vote RN», livre-t-elle comme une évidence, impatiente de voir «dégager les politiciens».

Série de reportages avant la journée «Bloquons tout»

A l'approche de la journée de mobilisation «Bloquons tout» le 10 septembre 2025, «Libération» est allé à la rencontre des Français pour prendre le pouls de la colère sociale. Troisième épisode de notre série ce samedi 6 septembre, à Plombières-les-Bains : «Ici, tout le monde attend. On est suspendus à la question des thermes.»

Dans cette ville du Sud-Ouest d’environ 17 000 habitants, le sujet est volcanique : malgré l’élection d’un maire socialiste en 2020, le parti xénophobe et eurosceptique de Jordan Bardella est arrivé en tête des dernières élections législatives de la deuxième circonscription lot-et-garonnaise, avec plus de 57 % des voix. Loin devant la liste du candidat socialiste du Nouveau Front populaire, qui a obtenu 42,80 % des suffrages dans un département pourtant historiquement ancré à gauche. Ici, entre désillusion politique et rejet des élites, on regarde d’un œil curieux, voire on applaudit les actions coup-de-poing de la Coordination rura