Ordinateurs, intelligence artificielle, télétravail, digitalisation du processus de travail : le numérique a investi le monde professionnel. Il suffit de pousser la porte d’un bureau pour plonger dans un univers entièrement numérisé, de l’ordinateur aux écrans de télé aux murs. Globalement bien accueilli dans les entreprises, le numérique constituerait une «opportunité» pour l’emploi des 12 millions français en situation de handicap, selon Bruno Pollez, médecin rééducateur et président de l’association Ladapt, qui s’est exprimé ce mercredi 22 novembre, à l’occasion de la 27e semaine de l’emploi des personnes handicapées. Au premier rang de ces opportunités, l’accès à des emplois de cadres. «L’adaptation d’un poste par des outils numériques permet de contourner le handicap. […] Le télé recrutement, le recours à l’intelligence artificielle pour analyser des CV peut aider à dépasser les préjugés. Le télétravail permet à des personnes qui ont de grandes difficultés à se déplacer d’exercer une activité professionnelle», a-t-il expliqué.
L’Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Adefiph), a publié en novembre l’étude «La transition numérique : un accélérateur pour l’emploi des personnes en situation de handicap», réalisée en septembre. Au premier abord, le constat est positif : 65 % des personnes en situation de handicap ont donc affirmé percevoir cet essor comme une «opportunité».
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Mais «le numérique peut être une barrière si les outils ne sont pas conçus pour être accessibles aux personnes handicapées», prévient Bruno Pollez, qui avertit : «il faut faire attention à ne pas isoler avec le numérique les personnes handicapées en faisant tout en «télé» : télétravail, téléformation, télé recrutement. L’objectif est d’être dans l’inclusion, pas dans des circuits séparés.»
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Selon le rapport de l’Adefiph, si méfiance il y a, elle s’explique notamment par un niveau d’utilisation du numérique encore minoritaire chez les personnes en situation de handicap. Peut-être parce qu’un site internet sur deux ne respecte pas les obligations légales en matière d’accessibilité numérique, selon le premier baromètre de l’accessibilité numérique de la fondation Contentsquare, publié également mercredi Bruno Pollez aussi justifie ces doutes par le manque de formation de cette population aux outils numériques : «Il est essentiel d’améliorer le niveau de formation des personnes handicapées et l’accessibilité des outils numériques, leur usage pour des personnes mal-voyantes, sourdes, etc. […] Il faut que dès la petite enfance, tout le parcours de formation soit adapté à leurs besoins pour parvenir à une employabilité égale.»