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«Le RN veut tout détruire, casser ce que nous sommes» : la France ouverte et tolérante au bord du gouffre

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Elections législatives 2024dossier
Depuis la victoire de l’extrême droite le 9 juin, la violence raciste, sexiste, LGBTphobe a déferlé en France. De Marseille au Pas-de-Calais, de Saint-Denis à l’Hérault, «Libération» donne la parole à de nombreux Français qui redoutent dans leur chair l’arrivée du RN au pouvoir.
Sur la place République, lors d'un rassemblement contre l'extrême droite, le 27 juin. (Cha Gonzalez/Libération)
par Sabrina Champenois, Maïté Darnault, correspondante à Lyon, Sarah Finger, correspondante à Montpellier, Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille, Rachid Laïreche, Anne-Sophie Lechevallier, Fabien Leboucq, Johanna Luyssen, Nathalie Raulin et Jeanne Toutain
publié le 28 juin 2024 à 20h07

Aurélien est au bout du rouleau. Tous les soirs, il glisse des tracts du Nouveau Front Populaire dans les boîtes aux lettres de la capitale. Le militant écologiste se gratte la tête. Il a perdu ses repères. «J’ai l’impression que la campagne a commencé depuis des mois alors que Macron a annoncé la dissolution le 9 juin. Ça paraît interminable, dit-il à la sortie du métro. Et je ne sais pas comment cette histoire va se terminer. Un jour, après une discussion, je me dis que ça peut le faire. Le lendemain, après une autre discussion, je me dis que c’est la merde.»

La campagne du premier tour des législatives touche à sa fin. La vérité est proche. Le second tour sera plus court ; sûrement plus violent. Les derniers jours le prouvent. Les actes racistes et violents explosent : menaces, violences et paroles débridées. La députée sortante à Paris Sandrine Rousseau tracte près de la place d’Italie et compare les époques. «Les militants racisés qui militent avec moi reçoivent tous les jours des insultes racistes. Ça n’arrivait jamais en 2022. La période est vraiment flippante. Un truc a pété depuis les européennes, c’est extrêmement violent.»

Tout le monde est visé. Des politiques. Le député sortant du Rassemblement national Roger Chudeau a déclaré – «en son nom» – que les ministres binationaux ne devraient pas être dans un gouvernement. Cela pose un «problème de double loyauté». Roger Chudeau a pris pour exemple l’ancienne ministre de l’Education Naj