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Mobilisation

Le secteur de la protection de l’enfance appelle à manifester ce mercredi pour dénoncer son «délabrement inédit»

Les professionnels de la protection de l’enfance se rassemblent à Paris ce mercredi 25 septembre pour espérer se faire entendre du gouvernement de Michel Barnier sur la situation des 377 000 enfants faisant l’objet d’une mesure de protection.
Un sas de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), à Hellemmes, dans le Nord, le 4 mai 2020. (Aimée Thirion/Libération)
publié le 25 septembre 2024 à 9h28

«Justice saturée», associations «exsangues financièrement», «travailleurs sociaux en surrégime»… Les professionnels de la protection de l’enfance appellent à une grande manifestation ce mercredi 25 septembre à Paris, afin d’alerter sur «l’urgence totale» vécue par leur secteur. «Plus de 3 000 enfants vivent à la rue, 3 350 attendent toujours une mesure de placement, 8 000 anciens enfants placés sont sans domicile fixe», déplore Pierre-Alain Sarthou, directeur général de la Convention nationale des acteurs de la protection de l’enfance.

La soixantaine d’associations et de fédérations qui composent le «collectif des 400 000» – référence à l’estimation du nombre d’enfants qui ont actuellement un besoin de protection en France, donnent rendez-vous à l’esplanade des Invalides à Paris, à 13 heures. Le cortège défilera jusqu’au Panthéon pour dénoncer le «délabrement inédit» du secteur.

Les professionnels de la protection de l’enfance exigent une «réaction forte» du nouveau gouvernement de Michel Barnier, selon Pierre-Alain Sarthou, qui coordonne le «collectif des 400 000». «Tous les voyants sont au rouge, on est face à une crise d’une ampleur vraiment inédite», alerte-t-il. «Il faut que l’Etat réagisse. Il existe des lois en matière de protection de l’enfance, ce sont des bonnes lois mais aujourd’hui, elles ne sont pas respectées, elles ne sont pas appliquées», regrette Pierre-Alain Sarthou.

Sur le terrain, les professionnels du secteur évoquent des décisions de justice qui «mettent plusieurs semaines, voire plusieurs mois», à être exécutées, laissant des centaines de mineurs au sein de leurs «familles maltraitantes». Et les jeunes majeurs sortis du dispositif de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) seraient tout sauf épargnés : ils se «retrouvent sur le carreau et glissent dans des spirales d’exclusion les conduisant à vivre à la rue», dénonce Pierre-Alain Sarthou.

Manquements politiques

Longtemps invisibilisée, la situation des quelque 377 000 enfants faisant l’objet d’une mesure de protection au titre de l’ASE est revenue sur le devant de la scène ces dernières années avec la mort de plusieurs enfants placés.

Une commission d’enquête parlementaire, qui avait entrepris mi-mai de se pencher sur les manquements des politiques de protection de l’enfance a pris brutalement fin avec la dissolution de l’Assemblée nationale début juin. Le groupe PS a depuis déposé une proposition de résolution pour recréer cette commission.

La représentante de l’Unicef en France, Adeline Hazan, a exhorté début septembre le nouveau Premier ministre Michel Barnier à «faire de l’enfance une priorité absolue de son mandat», estimant que les enfants «ne pouvaient plus attendre».