Ça va couper, chérie. Feux de circulation éteints, panne de réseau et d’Internet, black-out complet : le festival de Cannes a été touché ce samedi 24 mai au matin par une coupure d’électricité, ont constaté des journalistes de Libération sur place. Selon Nice-Matin, qui a rapporté le premier l’information, l’incident a concerné la partie ouest du département des Alpes-Maritimes, couvrant les communes de Vallauris, Mandelieu-la-Napoule et Antibes, ainsi que quelques villages de l’arrière-pays niçois. Après quatre bonnes heures pendant lesquelles la ville a été plongée dans les limbes, le courant a fini par revenir aux alentours de 13 heures.

«Une importante panne d’électricité touche actuellement l’ouest des Alpes-Maritimes, annonçait le matin la préfecture du département. Les services de RTE travaillent actuellement au rétablissement de la situation. Soyez prudents lors de vos déplacements.» Selon RTE, 160 000 foyers ont été privés d’électricité.

Contrairement à ce qui avait été indiqué dans un premier temps, l’incident ne provenait pas d’une panne mais d’un incendie d’origine criminelle ayant touché un poste de haute tension dans la nuit à Tanneron (Var). Les flammes se sont déclarées à 2 heures du matin et ont été circonscrites à 7 heures. De quoi couper une première fois le courant dans la ville dans la nuit. Après cet incendie, c’est la chute d’un pylône d’une ligne à haute tension alimentant Cannes qui a entraîné la coupure de 10 heures.

Au dernier jour du Festival, dont le palmarès sera dévoilé dans la soirée, ce sont les projections de «rattrapage» des films de la compétition qui ont été perturbées autour de 10 heures ce matin. Et encore, pas tant que ça : en plein milieu de la projection de Sirat, de l’Espagnol Oliver Laxe, le chaos – lumières allumées, film qui continue sans la piste son, festivaliers criant et sifflant dans l’espoir d’attirer l’attention des équipes du lieu ou se filmant pour documenter la scène – n’aura duré qu’une dizaine de minutes. En revanche, au Cinéum, multiplex en périphérie de la ville où ont également lieu des projections, les séances ont étaient annulées.

Dans les rues de Cannes les heures suivantes, flottait une certaine étrangeté. Magasins ouverts mais plongés dans le noir, armadas de commerçants désœuvrés et l’air hagard, rumeurs dans tous les sens – «il paraît que c’est carrément jusqu’à Lyon». Cannois et festivaliers main dans la main, grattant dans les tréfonds de leurs portefeuilles pour y retrouver la trace de la moindre petite pièce leur permettant d’acheter, qui sa botte de radis, qui ses tongs pour la plage.

Malgré la jubilation de voir la société de consommation ainsi suspendue, les envoyés spéciaux de Libé ont eu quelques sueurs froides, à quelques heures de la cérémonie de clôture. Rapidement séchées par un communiqué de la direction du Festival, qui a promis que «tous les événements et projections prévues [samedi], y compris la cérémonie» seraient maintenues «dans des conditions normales» .

Mise à jour à 16h20 avec le rétablissement de l’électricité.