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Les diagnostics de performance énergétiques à côté de la plaque de la consommation réelle des logements

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Une récente étude pointe le grand écart entre l’énergie utilisée par une habitation et son DPE, à peine plus prédictif que s’il avait été attribué au hasard. Cette évaluation a pourtant une grande importance en matière d’immobilier et d’environnement.
Hello Watt ne s’est basé que sur des DPE effectués avec la méthodologie la plus récente (juin 2021), censée être la plus fiable. (Julien Guillot)
publié le 6 janvier 2023 à 15h18

Un échec patent. La société Hello Watt, qui analyse de facture et de conseil en économie d’énergie, a publié mercredi une étude comparant les données de consommation énergétique de 221 logements avec les résultats des diagnostics de performance énergétiques (DPE). Résultat : pour la majorité (71 %) des habitations, l’évaluation est dans les choux et ne correspond pas à la consommation réelle du logement sur un an. Pour un peu plus de la moitié d’entre eux, l’écart n’est que d’une classe, mais peut aller jusqu’à cinq classes pour certains.

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Trois failles possibles dans la méthodologie

Hello Watt a même été jusqu’à comparer la justesse des notes des DPE actuels avec celles de diagnostics qui auraient été attribués au hasard, avec, seul biais, une chance un peu plus importante de se voir attribuer les classes les plus fréquentes (C, D ou E). Les performances choisies aléatoirement ne sont alors que légèrement inférieures à celles des DPE : 25 % de probabilité de sélectionner une classe correcte de manière aléatoire, contre 29 % pour les diagnostics. Le hasard fait donc presque aussi bien que le diagnostic pour prédire la consommation d’un logement.

Ce résultat peut signifier trois choses : soit la méthodologie de calcul des diagnostics de performance énergétiques est mauvaise, soit la plupart des diagnostiqueurs ne font pas bien leur travail, soit les différences de comportement de consommation des occupants des logements sont telles qu’un diagnostic, même fiable, ne peut pas prédire le niveau de consommation. Soit les trois à la fois. La société ne s’est pourtant basée que sur des DPE effectués avec la méthodologie la plus récente (juin 2021, méthode 3CL), censée être la plus fiable. Elle s’est focalisée sur des logements auquel des utilisateurs lui a laissé l’accès à un an minimum de données, qu’elle a pu croiser avec les résultats de la base de DPE fournie par l’Ademe.

Un échantillon pas représentatif

L’échantillon sur lequel porte l’étude pourrait ne pas être représentatif de la totalité du parc de logement actuel. Mais l’étude corrobore les enquêtes menées par les associations UFC-Que choisir et 60 millions de consommateurs, respectivement publiés en septembre et mai 2022, pointant le manque de fiabilité de ces diagnostics. Un problème auquel il devient urgent de remédier, vu l’importance de l’enjeu d’un point de vue climatique. Et sachant qu’un mauvais DPE peut à présent rendre un logement impropre à la location, en raison de la nouvelle loi sur les passoires thermiques.

Le diagnostic de performance énergétique, à l’origine uniquement indicatif, a progressivement pris une importance croissante. D’abord rendu obligatoire pour tout achat ou location, il a ensuite influé sur le prix de location (interdiction depuis le 25 août d’augmenter les loyers des logements classés F ou G). Et depuis le 1er janvier, il est même interdit de louer les logements les plus énergivores (les logements classés G). Cette interdiction devrait s’étendre dans les années qui viennent à tous les logements classés G en 2025, F en 2028 et E en 2034.