Réunis à Lourdes, les évêques français ont renvoyé à leur prochaine réunion, prévue en mars, la présentation de leur dispositif destiné aux victimes majeures de violences sexuelles, a annoncé le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort, ce dimanche. «Si le principe est acquis, nous voyons qu’il nous reste encore du travail avant de décider des modalités de mise en œuvre. Les cinq mois qui nous séparent de l’assemblée de mars nous permettront de préciser les points qui restent incertains», a-t-il affirmé dans son discours de clôture de l’assemblée plénière de la CEF.
«Longuement débattu»
Les évêques avaient acté en mars le principe d’un dispositif «d’écoute et d’orientation» pour ces victimes, qu’ils espéraient pouvoir présenter dès novembre. «Je pressens que des personnes victimes seront déçues et blessées de ce retard et je les assure de notre détermination à avancer», a continué Eric de Moulins-Beaufort. Lors de leur réunion d’automne, les évêques ont «longuement débattu» de «deux voies» possibles, avec chacune «ses avantages et ses inconvénients», a-t-il ajouté, sans donner de détail. De source proche de plusieurs évêques, il s’agirait soit d’instaurer une instance unique centralisée, soit de confier la mission à des structures sur le terrain dans les provinces ecclésiastiques.
«Nous voulons ouvrir une voie de reconnaissance et de réparation solide et durable» et que les prêtres mis en cause «assument leurs responsabilités», a assuré Eric de Moulins-Beaufort, précisant que «le premier chemin doit être celui de la justice républicaine, s’il est possible», avec un recours également à la justice de l’Eglise. Pour les cas où l’auteur est mort ou les faits sont prescrits, «nous ne pouvons créer un ordre juridique différent de celui de notre pays», a-t-il relevé, estimant par ailleurs que la voie de la justice restaurative «n’est pas exempte de critiques».
«Pas agi comme il aurait fallu»
Eric de Moulins-Beaufort est aussi revenu sur les révélations d’agressions sexuelles concernant l’Abbé Pierre, soulignant combien les évêques avaient été «bouleversés et déstabilisés». Il a en outre évoqué la condamnation d’un prêtre pour des «crimes de pédophilie très graves» vendredi à Aurillac, après un autre en mai à Orléans : «Une fois de plus des responsables ecclésiaux n’ont pas agi comme il aurait fallu», a-t-il déclaré, assurant que l’Eglise travaillait «pour que de telles cécités ne soient plus possibles».
Sur Notre-Dame de Paris, il a remercié les autorités «qui se sont mobilisées» pour sa réouverture le 8 décembre, un «jour de lumière» pour les fidèles. «Si en plus il s’avérait que le pape François vienne à Ajaccio la semaine suivante, comme le bruit en court, nous en recevrions une stimulation de plus», a-t-il affirmé, évoquant en creux le déplacement, non encore confirmé par le Vatican, de François en Corse mi-décembre, alors qu’il sera absent des festivités parisiennes pour la réouverture de la cathédrale.