C’est un cri du cœur. L’inconstance gouvernementale française fragilise les associations, alerte auprès de l’AFP Patrice Douret, président des Restos du cœur, quatre décennies après leur création par Coluche. Cette situation politique crée de «l’incertitude» et de «l’attentisme» du côté des donateurs, en particulier des entreprises, qui se demandent si «elles vont pouvoir dégager des fonds pour continuer à aider les associations de solidarité», a expliqué Patrice Douret. Les Restos du cœur, qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France, exigent que le mécanisme de réduction d’impôts sur les dons aux associations d’utilité publique soit préservé, afin de continuer à inciter à la solidarité.
Faire de la lutte contre la pauvreté une «priorité nationale»
«Les associations ont besoin d’être soutenues, le budget ne doit pas les affaiblir», a martelé l’homme à la tête de l’association coluchienne, à l’heure où le Premier ministre Sébastien Lecornu tente toujours de boucler son projet 2026 pour les finances publiques, dans un climat social tendu, et doit nommer sous peu ses ministres. «Les gouvernements passent, tombent les uns après les autres… Et les besoins persistent. A quel moment on va se dire que lutter contre la pauvreté devient une priorité nationale ?», a également interrogé Patrice Douret, dont le mandat de président se termine en octobre. D’autant que la stratégie de lutte contre la pauvreté du gouvernement manque de lisibilité, estime la Cour des comptes dans un rapport publié début septembre.
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«Le constat le plus terrible, c’est que les besoins continuent d’augmenter», pointe encore le président des Restos, qui avaient servi 8,5 millions de repas lors de leur année de création en 1985, contre 163 millions l’an dernier.
1,3 million de bénéficiaires l’an dernier
Les associations de lutte contre la pauvreté ont fait face à un afflux de demande d’aides en 2023, de nombreux ménages étant affectés par la hausse de l’inflation. A tel point que les Restos du cœur avaient alors lancé un appel exceptionnel aux dons pour continuer à fonctionner et avaient également dû refuser des demandeurs pour la première fois de leur histoire.
Depuis, «l’inflation a certes diminué, mais les prix sont toujours aussi élevés», ajoute Patrice Douret. L’an dernier, les Restos du cœur ont accueilli 1,3 million de bénéficiaires, parmi lesquels des jeunes, des chômeurs, des travailleurs précaires et des familles, notamment monoparentales.
Selon les dernières données de l’Insee publiées début juillet, le taux de pauvreté a atteint un niveau record en France métropolitaine en 2023, avec près de 10 millions de personnes concernées.