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Zone d'expression prioritaire

Les jeunes et les jobs d’été : « Même un travail “simple” peut broyer »

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Le temps d’une saison, ils livrent chez Amazon, s’ennuient au ministère de l’Intérieur, guident les voyageurs aux JO de Paris, servent des burgers à la pelle à Hossegor ou enchaînent les gâteaux dans une usine vendéenne. Ils racontent ces heures d’été passées sur le métier, parfois sans trop savoir pourquoi, les cadences souvent infernales, le ras-le-bol qui pointe et malgré tout, leur jeunesse à vivre.

(James Albon/Libération)
Publié le 10/06/2025 à 19h08

La ZEP et «Libération»

En publiant ces témoignages, Libération poursuit son aventure éditoriale avec la Zone d’expression prioritaire, média participatif qui donne à entendre la parole des jeunes dans toute leur diversité et sur tous les sujets qui les concernent. Ces récits, à découvrir aussi sur ­Zep.media, dressent un panorama inédit et bien vivant des jeunesses de France. Retrouvez les précédentes publications sur Libération.fr.

Lena, 20 ans, service civique, Paris

«Un parfum sucré-vanillé vite écœurant»

«C’est l’été. La période des partiels est passée. Je rentre chez mes parents en Vendée. Pour une saison sur la côte, je m’y suis prise trop tard. J’ai besoin de sous. J’avais d’autres plans mais l’usine recrute. Alors je signe pour un contrat de deux mois en intérim dans une usine de gâteaux.

«Ma journée commence dans le vestiaire. J’enfile ma paire de chaussures de sécurité. Puis ma charlotte, ma blouse et mes bouchons d’oreille. Je suis fin prête. A l’intérieur, on communique entre nous par des gestes ou on essaie de gueuler plus fort que la machine. Je suis assignée au même poste qu’hier : au bout du tapis, ligne C. L’endroit dégage un parfum sucré-vanillé vite écœurant. Les biscuits sont dans leur étui. Les étuis dans leurs boîtes. Je dois faire deux rangées de cinq dans un carton positionné au préalable. Scotcher le carton. C’est tout.

«A l’autre bout de la ligne, les pâtissiers préparent la mixture avant qu’on la cuise. Simple jeu d’assemblage d’ingrédients en quantités monstrueuses. Il y a une fuite dans cette zone. Samuel et Maud, deux jeunes intérimaires, sont chargés de tout nettoyer. Ils me racontent que l’odeur est “dégueulasse”, le truc “poisseux”. C’est tout près des fours et la chaleur est infernale.

«Je reste debout toute la journée, à piétiner sur place.