«Sur les murs, il y a des cris / Des mots gravés avec un clou. / Oh désespoir, ou espoir fou / De ceux qui sont morts avant moi… / Je sens bien qu’ils sont encore là / Autour de moi, et me regardent.» Début août 1944, Madeleine Riffaud, «Rainer» de son nom de résistante, est emprisonnée à Fresnes. Quelques jours plus tôt, elle a tué un officier allemand, parce que c’étaient les ordres, et parce qu’elle voulait venger un camarade. Elle a été capturée et, depuis, elle est torturée par la Gestapo. Dans sa cellule, dans les rares moments de calme, la jeune femme écrit des poèmes, avec une mine de plomb donné par une geôlière, dans les marges d’un exemplaire de l’Imitation de Jésus-Christ. Elle évoque les sévices subis, ceux qui sont morts, les cris qu’elle entend la nuit, les rats qui passent devant elle, le pardon qu’il faudra accorder à l’ennemi, «Ceux-là demain, qui me tueront. Ne les tuez pas à leur tour / Ce soir mon cœur n’est plus qu’amour.» Elle se prépare à mourir. Elle ne sait pas qu’elle va survivre et participer héroïquement, à la fin de ce même mois, à la Libération de Paris, tout en fêtant ses 20 ans. Plus tard, elle dira (1) : «Ce n’est pas impunément qu’on a accepté sa mort et qu’il faut tout recommencer. Etre survivante m’a été difficile parce que j’étais malade, dans ma tête et dans mon corps.»
Madeleine Riffaud, morte mercredi 6 novembre au petit matin, à 100 ans, deux mois et quelques jours, était l’une des dernières résistantes de