Menu
Libération
Interview

Les milliardaires à la conquête de l’espace : «Leur seule stratégie c’est d’accélérer, de faire du fric et, au passage, de tout casser»

Article réservé aux abonnés
Selon Arnaud Saint-Martin, sociologue spécialiste des questions spatiales et député insoumis, sortir de la logique capitaliste, qui s’est exportée jusque dans le ciel, est nécessaire pour conserver une exploration durable des orbites.
La fusée Atlas V de United Launch Alliance sur l'aire de lancement avec à son bord les satellites du Project Kuiper d'Amazon, à la station spatiale de Cape Canaveral, en Floride mercredi. (Steve Nesius/REUTERS)
publié le 9 avril 2025 à 16h09

Ce n’est plus un scoop, la nuée de points lumineux qui pullulent dans le ciel croît de façon exponentielle et les lancements se succèdent à une cadence toujours plus folle. Ce mercredi 9 avril, c’est au tour de Jeff Bezos d’y participer. A 18 heures, une fusée de l’entreprise américaine United Launch Alliance devrait envoyer en orbite une grappe de 27 satellites Internet très haut débit de la toute nouvelle constellation Kuiper d’Amazon. Chaque année est désormais un record : en 2024, 261 lancements ont été enregistrés, soit 38 de plus que 2023. Mais pourquoi ? Arnaud Saint-Martin, sociologue au CNRS spécialiste des questions spatiales, député insoumis depuis juillet et auteur du livre les Astrocapitalistes (Payot), explique à Libération comment cette course à l’échalote en orbite s’est peu à peu détournée de la notion de progrès scientifique pour être désormais dopée par la recherche de profits d’une poignée de milliardaires opportunistes.

Quand s’est opéré ce changement de paradigme dans l’espace ?

On ne parle pas encore à cette époque d’astrocapitalisme mais l’idée qu’on peut faire de l’économie avec l’espace se distille dans le