Sur la route qui serpente d’Ajaccio jusqu’à Cargèse, village accroché aux collines au-dessus de la Méditerranée, les tags sont partout. «Gloria à te Yvan», dit la peinture noire. Le drapeau à tête de Maure est accroché aux balcons, aux panneaux. Bien avant l’entrée du bourg de Cargèse et le début des obsèques, une longue file de voitures est garée sur le bas-côté. Le village corse enterre ce vendredi Yvan Colonna, l’homme condamné pour l’assassinat du préfet Erignac, mort des suites d’une agression le 2 mars à la prison d’Arles.
En début d’après-midi, le convoi funéraire est arrivé au centre du village avant de se rendre chez les Colonna, en contrebas, près de la plage. La foule a d’abord suivi, et attend désormais qu’il remonte pour continuer la procession. Au soleil, habillés de noirs, hommes et femmes attendent, vaquent d’un groupe à l’autre. On refait à voix basse le procès du nationaliste, coupable pour les juges mais innocent pour ses pairs ; on parle de la famille Colonna, originaire du village, et que beaucoup connaissent.
Drapeau corse en berne
Peu avant, le député Paul-André Colombani, l’un des nombreux élus de l’île attendus ici, était sorti de son véhicule, sous l’œil d’un service d’ordre – pas de policiers ou de gendarmes à l’horizon. La terrasse du café a fait le plein. Du moins jusqu’à ce que la serveuse sort