Vivre à la rue tue toujours. Dans son enquête sur la «mortalité des personnes sans domicile en 2020» publiée ce mercredi, le Collectif des morts de la rue (CMDR) a recensé la mort de 587 personnes «sans chez soi» depuis plusieurs mois (à la rue, en hébergement d’urgence ou dans des lieux non prévus pour cela). En outre, 81 anciens SDF et 2 personnes qui étaient sans abri depuis moins de six semaines sont décédés l’an dernier, selon le CMDR, portant l’estimation totale à au moins 670 morts, contre 659 en 2019.
Un bilan élevé mais qui demeure loin de la réalité, concède le collectif. Bérangère Grisoni, présidente du CMDR, Cécile Rocca, coordinatrice, et Julien Ambard, épidémiologiste, insistent sur le fait que leur décompte «n’est pas exhaustif». «Selon l’étude effectuée en 2014 par des scientifiques extérieurs au CMDR, la réalité se tiendrait autour d’un peu plus de 2 000 décès par an (6 730 personnes sans domicile sont décédées entre 2008 et 2010).»
Pourquoi est-ce si difficile d’avoir des chiffres précis sur les décès des personnes à la rue ?
Julien Ambard : On reste une structure associative avec des moyens associatifs. Il y a également l’enjeu du parcours d’information : les associations qui acco