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Mobilisation

«Libé» recense les initiatives citoyennes contre l’extrême droite : mise en lien pour la procuration, ASMR de campagne, BD pour inciter à voter…

Elections législatives 2024dossier
Pas besoin d’être militant d’un parti ou syndicaliste pour lutter contre l’extrême droite. «Libé» sélectionne toutes les initiatives mises en place sur le terrain pour se mobiliser.
Rassemblement contre le RN place de la République à Paris, le 10 juin 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 13 juin 2024 à 19h21
(mis à jour le 28 juin 2024 à 15h48)

Contre l’extrême droite, l’union dépasse les discussions entre politiques. Dès l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, qui a brandi le spectre du Rassemblement national au pouvoir, des milliers de personnes se sont réunies dans les rues. Et l’engagement ne se limite pas à ces rassemblements. Partout en France, des initiatives citoyennes fleurissent pour informer et mobiliser un maximum avant les élections. Libé vous en propose une sélection.

Une BD pour «convaincre nos parents de voter»

«Si vous avez des parents ou potes macronistes (ou pire) à convaincre» de voter pour glisser un bulletin Nouveau Front populaire aux législatives, l’auteur de BD et illustrateur Leander a mis au point un webtoon argumenté publié sur ses comptes Instagram et X (ex-Twitter). La BD détaille les mesures «pour l’écologie», «pour les précarisés», «les migrants», «la Palestine», «les femmes et les droits des personnes LGBT +» prévues dans le programme de l’alliance de la gauche, et répond aussi à certains contre-arguments. «Je ne suis pas très à l’aise pendant les débats politiques, qui tournent souvent à la confrontation lors des repas de famille. J’ai donc fait un PowerPoint pour expliquer à mes parents pourquoi je vote NFP. Mes amis m’ont demandé que je leur envoie, puis je me suis dit que je pouvais en faire une BD pour rendre service à d’autres personnes dans le même cas que moi», explique le dessinateur de 23 ans auprès de Libé, frustré par le manque de mobilisation des ressortissants français contre l’extrême droite au Québec, où il est installé.

De l’ASMR pour le Nouveau Front populaire

Angoissés par la période électorale actuelle, vous êtes en quête d’une source de quiétude ? Ne cherchez plus : le Nouveau Front populaire se lance dans l’ASMR (l’acronyme anglophone de Réponse Autonome des Méridiens Sensoriels). Dans une vidéo publiée mercredi sur son compte X (ex-Twitter), Le Tréma – Maël Coutand, créateur de contenus de gauche, qui se cache derrière le compte ASMR Politics – a laissé libre cours aux chuchotements et autres petits bruits des candidats pour présenter les grands axes de leur programme. «Blocage des prix de première nécessité», «abrogation de la loi asile et immigration», «créer un congé menstruel», murmurent au micro Manon Aubry (LFI), Marine Tondelier (EELV) ou encore Chloé Ridel (PS). «Paradoxalement, je me suis rendu compte qu’on écoute plus ce que disent les politiques quand ils chuchotent», explique Maël Coutand, qui utilise habituellement le potentiel comique de l’ASMR pour se moquer des politiques. «Cette forme décalée interpelle et permet de toucher les jeunes pas forcément politisés sur les réseaux sociaux», poursuit-il. Sa vidéo fait suite à une autre, publiée il y a quelques jours sur Instagram : un «ASM-RN /ASMR-haine» pour «rediaboliser» le parti d’extrême droite, réalisé avec un groupe d’influenceurs mobilisés après le 9 juin.

Des concerts et des prises de parole à Paris au nom des «libertés»

«Libertés ! au pluriel, parce que le RN s’attaquera à toutes si par malheur il accédait au pouvoir», énonce comme un clin d’œil à Paul Eluard le manifeste du grand rassemblement de la société civile prévu ce jeudi à Paris. Rendez-vous est donné place de la République à partir de 18 heures. Lancé à l’appel de plus d’une centaine de médias indépendants, de syndicats, d’associations de défense des droits et de mouvements citoyens, le rassemblement prévoit «des prises de parole de personnalités entrecoupées de concerts et peut-être de stand-ups humoristiques», détaille Alexandre Buisine, secrétaire général au SNJ et co-organisateur de l’événement. Sont déjà annoncés l’actrice Judith Godrèche, la militante écologiste Camille Etienne, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, l’humoriste Guillaume Meurice, la réalisatrice Alice Diop… Les organisateurs attendent au moins 10 000 personnes.

Les actions dans le monde de la Santé

Les blouses blanches aussi s’activent face à l’arrivée possible du RN à Matignon. Plusieurs initiatives, plus ou moins politisées, témoignent de leur volonté de s’engager dans la bataille des législatives. Des tribunes, publiées ou en cours de préparation, mobilisent l’ensemble de la profession en vue du scrutin, des soignants aux administrateurs. L’un des textes pourrait même servir «de socle à un évènement intraprofessionnel, en forme de réitération du serment d’Hippocrate» et pourrait faire l’objet «d’une lecture publique dans l’amphithéâtre de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière».

Une série de clips contre la privatisation de l’audiovisuel public prévue par le RN

En collaboration avec la Ligue des droits de l’homme, la Guilde des auteurs réalisateurs de reportages et de documentaires (Garrd) lance une campagne de mobilisation. Appelée «Face au RN, la liberté d’informer n’a pas de prix», cette série de 12 vidéos a été réalisée à l’initiative de réalisateurs et journalistes membres de la Garrd, qui se sont rassemblés après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Ces clips sont des extraits de reportages, de documentaires ou encore de films d’investigation qui ont marqué l’histoire de France Télévisions en révélant notamment des scandales. Une manière pour les personnes à l’origine de ces vidéos d’alerter quant aux dangers de la privatisation de l’audiovisuel public, prévue par le Rassemblement national. «Nos films, enquêtes, documentaires et reportages pourraient disparaître de vos écrans», signent-ils à la fin des vidéos, qui sont visibles sur les réseaux sociaux. Et ajoutent : «Nous appelons à faire barrage face à la menace de l’extrême droite.»

Un «Mee-ting Mi-teuf» à Marseille pour mobiliser les citoyens

Dans la lignée du meeting citoyen de la gauche le 17 juin à Montreuil (Seine-Saint-Denis), c’est au tour des Marseillais de mobiliser la société civile à l’occasion d’un «Mee-ting, Mi-teuf» qui, comme son nom l’indique, alternera les prises de parole et les propositions artistiques. «L’idée, c’est de mobiliser la société civile pour qu’elle prenne toute sa place dans le Nouveau Front populaire, qui va d’ores et déjà au-delà d’une formation politique puisque dès le début, les citoyens se sont emparés de cet outil», explique le sociologue et militant associatif Kevin Vacher, l’un des animateurs de cette «réserve citoyenne du Front populaire», constituée dans la foulée de la dissolution et de l’union des gauches pour ces législatives. Au programme de cette soirée, qui se déroule ce mercredi 26 juin à partir de 18 heures : interventions de différentes personnalités et militants, parmi lesquels le journaliste Edwy Plenel, l’élue et militante féministe Alice Coffin, l’économiste Julia Cagé ou l’activiste écologiste Camille Etienne, mais aussi plusieurs représentants de collectifs locaux et des syndicats. Entre chaque intervention, des artistes prendront la scène pour des performances ou des lives, avec une ouverture par des artistes de rue et les sessions de Sekouss (percus) ou du collectif Cagole nomade. La soirée sera retransmise en direct sur la chaîne Youtube de la revue Regards.

Un kit de mobilisation pour «mettre en avant le progrès social»

Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) propose sur son site un kit de mobilisation pour le Nouveau Front populaire. Pour ne pas être à sec lors d’un débat, l’organisation altermondialiste met par exemple à disposition des argumentaires «pour mettre en avant des propositions de progrès social soutenues par la gauche et rejetées par le RN et Renaissance». La loi immigration ou la taxation des superprofits passent ainsi à la loupe. «Nous avons décidé de participer à la dynamique de mobilisation autour du Nouveau Front populaire car c’est la seule force politique qui représente les valeurs sociales et économiques que nous défendons», explique à Libé Bruno Antzenberger, un salarié d’Attac membre de l’équipe qui gère la page du kit. En la parcourant, on tombe aussi sur un message tout fait à envoyer à ses proches pour les inciter à se mobiliser. Et sur des visuels d’Attac rouge vif spécialement concoctés pour l’occasion, à décliner sur les réseaux ou sous forme d’autocollants et d’affiches. Ceux-ci sont aussi envoyés en version imprimée à des collectifs locaux d’Attac, dans les grandes villes jusqu’en milieu rural.

Les «Appels du 18 juin»…

Mardi 18 juin, près d’un millier de bénévoles ont réalisé près de 17 000 coups de fil. Dans des centres d’appels improvisés à Saint-Denis, Lyon, Marseille ou en ligne, des sympathisants de gauche s’improvisent démarcheurs téléphoniques pour s’assurer que les personnes inscrites sur les listes de la Primaire populaire (ancien nom des Victoires Populaires) depuis 2022 aillent bien voter le 30 juin, fassent ou prennent une procuration. «On suit un script qui a été préparé par l’équipe, raconte Betty qui vient de raccrocher. Il faut qu’on arrive à convaincre les sympathisants des circos tendues à se mobiliser autour d’eux pour qu’ils motivent, eux aussi, leurs proches à aller voter.» A peine le temps de finir sa phrase que Betty compose un nouveau numéro. «C’est la technique du pote-à-pote, explique en souriant Mathilde Imer, cofondatrice des Primaires Populaires. On se concentre sur les circonscriptions où les élections peuvent se jouer à 1 000 voix près.» Au plus fort de cette journée d’ «Appels du 18 juin» «presque 40 coups de fil étaient passés par minute», une mobilisation que les Victoires Populaires entendent faire durer jusqu’au deuxième tour des législatives.

Des «personnes de confiance» pour des procurations

Les mises en relation de citoyens pour des procurations peuvent ressembler à la fausse bonne idée. Afin d’éviter les abus, le mouvement citoyen Victoires Populaires, reliquat de la Primaire populaire de 2022, propose sur son site de mettre en relation des électeurs du Nouveau Front populaire qui cherchent à donner leur procuration avec des personnes de confiance qui voteront pour eux. «La sécurisation est très importante pour nous», assure auprès de Libé Coline Serra, une membre du bureau de Victoires Populaires. Les votants sont soumis à «deux filtres», détaille-t-elle : «Soit ils font partie des sympathisants inscrits avant le 10 juin, ceux qui ont signé l’appel ou voté à la Primaire populaire de 2022, soit ils ont fait une demande pour porter une procuration après cette date, et donc leur profil d’opinion est checké sur les réseaux sociaux. Nos bénévoles vérifient qu’ils défendent bien les mêmes valeurs que nous.» L’ensemble des données communiquées sera supprimé au lendemain des élections législatives, précise le site.

Une boucle WhatsApp pour mobiliser dans 40 circonscriptions stratégiques

Pour faire barrage à l’extrême droite, un «groupe de potes», tous âgés d’une vingtaine d’années, a lancé le 11 juin une communauté WhatsApp pour mobiliser les militants de gauche dans quarante circonscriptions stratégiques - celles où «tout s’est joué à quelques voix» lors des dernières législatives de 2022. «Notre objectif n’est pas seulement de les mobiliser mais aussi de canaliser toute l’énergie citoyenne de cette dernière semaine vers les bons endroits», précise Aitana Pérez, ex-collaboratrice parlementaire d’un député socialiste, à l’origine de cette initiative, qui regroupe déjà 3 000 membres. Parmi les zones ciblées : la quatrième circonscription de l’Eure, remportée de justesse par le PS lors des législatives de 2022, avec seulement 350 voix d’avance sur le Rassemblement national. Ou encore la sixième circonscription de Meurthe-et-Moselle, qui accuse vingt points de retard face à l’extrême droite lors des européennes (148 voix d’écart entre gauche et droite en 2022).

En lien avec les équipes de campagne des candidats du Front populaire, l’initiative citoyenne, baptisée «CircosPivots», dispense également des formations pour apprendre à tracter, faire du porte-à-porte et des campagnes de phoning. Sur Instagram, le groupe suggère d’autres actions plus insolites pour faire «gagner la gauche» : créer une playlist avec des chants militants «à écouter en boucle» jusqu’au 7 juillet, ou se faire une manucure aux couleurs du Front populaire.

Indextrême repère les symboles récupérés par l’extrême droite

Saviez-vous que le geste👌pouvait être un symbole de la suprématie blanche ? Ou que le chien-loup revient dans le nom de nombre de groupuscules d’extrême droite ou skinheads néonazis puisqu’il rappelle les chiens allemands qui gardaient les camps de concentration ? Indextrême, c’est un outil en ligne qui se charge «d’observer, de répertorier et de faire connaître les symboles graphiques utilisés et détournés par l’extrême droite en France» depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Créé en septembre 2022 par le designer Geoffrey Dorne et le photojournaliste Ricardo Parreira, Indextrême est aujourd’hui un collectif indépendant composé d’une dizaine de personnes, majoritairement anonymes. Tout citoyen peut contribuer au site en envoyant de nouveaux symboles par mail, qui seront soumis à vérification avant publication.

Les éditions Libertalia offrent leurs «Dix questions sur l’antifascisme»

Après le choc du 9 juin et la dissolution, l’éditeur montreuillois de gauche Libertalia a mis gratuitement en ligne des versions e-pub et PDF de l’ouvrage collectif Dix questions sur l’antifascisme, paru en septembre 2023, et qui retrouve ces derniers jours une utilité brûlante. Ecrit par des membres du collectif antifa la Horde, le livre assume dans sa préface un point de vue «à hauteur de militant·e·s» et se propose de répondre à dix questions sur ce mouvement né au début des années 20 concomitamment à l’accession au pouvoir de Mussolini. Parmi celles-ci : «Pourquoi être antifasciste ?», «Comment être antifasciste ?», «L’antifascisme est-il violent ?» ou encore «Qui veut la peau de l’antifascisme ?». Autant d’éclairages bienvenus à retrouver ici.

Une carte interactive pour retrouver les actions près de chez soi

La carte collaborative du site Résistances Locales 2024 a pour but de «recenser et diffuser tous les événements à travers la France contre l’extrême droite». Manifestations, assemblées générales, tractages, porte à porte… Des pictogrammes remplissent la carte de l’Hexagone, de Bourges (Centre-Val-de-Loire) à Autun (Saône-et-Loire) en passant par Tarbes (Hautes-Pyrénées) et Laval (Mayenne). Le site recense même un rassemblement à Oldenburg, en Allemagne, pour les Français de l’étranger. Chacun peut ajouter un nouvel élément, en renseignant les informations sur l’action et comment contacter ses organisateurs – ensuite vérifiées et validées par les membres du site.

Un livre offert «pour mieux comprendre les racines du RN»

«Qu’est-ce qu’on peut faire à notre échelle ?» avoue s’être demandé Pauline Fousse, au lendemain du score historique de l’extrême droite aux élections européennes. L’éditrice chez Le Passager clandestin a trouvé une réponse rapidement : mettre en accès libre leur livre Le Pen et la torture de Fabrice Riceputi. «C’était la moindre des choses de faire circuler cet ouvrage qui aide à comprendre les racines du Rassemblement national», raconte l’éditrice. Au fil des pages, Fabrice Riceputi, historien, répertorie en effet les exactions de Jean-Marie Le Pen pendant la guerre d’Algérie. Une lecture nécessaire, sur le fondateur du Front national, pour mieux analyser le parti désormais aux portes du pouvoir. Pauline Fousse abonde alors : «On cherche à inciter d’autres maisons d’édition à faire de même.» L’appel est lancé.

Un tract à imprimer sur les votes du RN «qui vont à l’encontre des Français»

Sur TikTok, @elisalagauchiste a créé un «tract», téléchargeable gratuitement, qui égrène «tous les votes qui ont été faits par le RN qui vont à l’encontre des Français». Entre autres, ses votes contre le blocage des prix des produits de première nécessité, contre le gel des loyers, contre la gratuité des cantines pour les plus modestes, contre l’augmentation du smic ou l’indexation des salaires sur l’inflation. Dans une vidéo qui cumule plus de 275 000 vues et 85 000 likes, la jeune femme appelle toutes «les personnes de gauche» à disposer ce tract «dans les boîtes aux lettres de vos proches, des gens de votre ville». «Je vais même la mettre dans les boîtes aux lettres des racistes pour leur montrer qu’ils préfèrent voter contre leur portefeuille, pour leur racisme.»

Une boucle Telegram pour recenser au moins une action chaque jour

«Un jour une action», le mantra est celui de la chaîne Telegram #JeVotele30Juin, qui cumule déjà plus de 11 000 abonnés. «L’objectif de ce canal est de vous proposer chaque jour au moins une action rapide et simple à réaliser jusqu’aux élections le 30 juin et 7 juillet pour élire un maximum de député·es du Front populaire et battre l’extrême droite», résument les militantes et créatrices du compte Caroline de Haas et Marylie Breuil. A raison d’au plus trois messages par jour, entre 8 h 30 et 21 heures, sauf samedi soir et dimanche matin. «Le scénario catastrophe n’est pas encore complètement écrit. Si chacune et chacun s’y met, nous pouvons changer la donne.»

Un serveur Discord pour créer et diffuser du contenu de gauche

«Comme dans la vie politique, la gauche est désunie sur Internet quand l’extrême droite est ultra-organisée avec des groupes d’actions tactiques très structurés», a remarqué Axel Beaussart (Tahzio), fondateur du média Spotters et chroniqueur chez Mouv’. Pour remédier à ce facteur – qui explique selon lui la montée du vote RN chez les jeunes –, il a créé Gauche d’Internet (gauche-inter.net), un serveur Discord pour stimuler la création de contenus créatifs et «inonder les réseaux sociaux […] sur les arguments et candidats du Front Populaire». Dans les salons, Yann se propose pour de la «donnée», «pratique pour factchecker», quand une autre utilisatrice suggère de «spammer le chat du live de Brut sur TikTok de drapeaux 🏳️‍🌈 pour contrebalancer les drapeaux 🇫🇷 des fafs». Appels à l’aide pour des visuels d’affiche, questions sur les procurations, partages de mèmes : les plus de 1 000 membres du serveur redoublent de créativité pour faire vivre en ligne la nouvelle union de la gauche.

Plus d’initiatives à venir…