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Libération
Série Libé (4/4)

Lin, esclave moderne à Paris : «Au départ, notre mère devait rester seulement deux ans»

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«Libération» a suivi l’évasion d’une Philippine de 45 ans réduite en esclavage par un couple de riches Franco-Libanais en région parisienne. Près de Manille où ils vivent dans le dénuement, ses fils confient leur frustration.
Lin a deux fils de 21 et 15 ans, et une fille de 17. (Aline Deschamps/Lisa Marie David/Libération)
publié le 21 mai 2023 à 7h00

Lin était une esclave moderne. Cette domestique philippine a vécu douze ans chez ses employeurs, un couple franco-libanais. Un jour de juillet 2022, elle a décidé de s’enfuir du pavillon près de Paris, où elle était enfermée. Depuis ses premiers instants de liberté et pendant près d’un an, Libération a suivi cette mère de famille de 45 ans, rencontré ses enfants à Manille et partagé le quotidien d’une de ses compatriotes. Un récit en quatre volets sur une communauté exploitée partout dans le monde.

C’est un bidonville dans le nord des Philippines, coincé sur un terrain de terre jonché de déchets, à l’ombre de la chaleur étouffante du mois de mai. L’endroit est réputé pour être un repaire de squatteurs, de sans-abri et de familles pauvres. Au milieu d’un chemin, Mark (1) désigne, honteux, une petite cahute de tôle rouillée d’une dizaine de mètres carrés : «C’est ici notre maison.»

Le jeune homme de 21 ans est l’aîné de Lin, la domestique philippine échappée de l’esclavage à Paris en juillet 2022, que Libération a suivie plusieurs mois. «Avant, on vivait dans une vraie maison», assure Mark, qui partage le même regard timide que sa mère. Lors des derniers mois