Linda (1) et sa mère Inès semblent un peu perdues. Elles tentent de se reconstruire avec ce morceau de leur histoire qu’elles ne parviennent pas encore tout à fait à appréhender. En février dernier, l’ado de 15 ans a fugué du foyer où elle a été placée et est tombée dans la prostitution. «Le 13, la veille de la Saint-Valentin», précise la mère, qui s’affaisse à chaque fois qu’elle entend les mots de sa fille, le visage poupin, encore en pleine adolescence. Ils sont crus, durs, ils frappent par le flegme avec lequel Linda les prononce. Elle en est sortie il y a quelques semaines à peine. Elle dit encore «mon mac» et «mes clients», pour certains des habitués, conscients d’avoir affaire à une enfant. Sa mère, elle, parle d’«honneur» et de «reconstruction», une façon de les préparer à l’après. Mais la tempête vient à peine de passer. Elle s’accroche au récit de sa fille pour tenter de comprendre ce qui l’a poussée à se prostituer et comment mener une vie après ça.

«J’ai un rapport à mon corps et à ma sexualité un peu compliqué», glisse Linda. Assise dans un café de Metz (Moselle), sa ville,