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Libération
Les oubliés du Larzac, (1/3)

L’internement des Algériens, mémoire perdue

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La lutte du Larzac fête ses cinquante ans. «Libé» se penche sur des histoires méconnues, mises de côté, oubliées, autour du camp et du mouvement. Episode 1 : la présence d’Algériens sur le camp, juste avant et juste après l’indépendance. Comment raconter cette histoire, et que faire de cette mémoire ?
Extrait du journal clandestin «Témoignages et documents sur la guerre en Algérie», 1961. (DR)
publié le 7 août 2021 à 11h45

«Un grand vide.» Robert Gastal, agriculteur à La Cavalerie, le reconnaît, dans le grand récit collectif et enthousiaste de la lutte du Larzac, un morceau d’histoire est resté dans l’ombre : l’Algérie. En dix ans de publication du journal militant, Gardarem Lo Larzac, il n’en est question nulle part. Tout juste une ligne mentionne ce lien historique, dans une exposition rétrospective actuellement visible à Millau. Le Larzac a pourtant un lien indéfectible avec l’Algérie. Robert Gastal y a justement fait son service militaire, infirmier, soignant aussi certains Algériens torturés. En 1959, il retrouve avec surprise dans le train Paris-Millau «des Algériens menottés, escortés par des gendarmes» qui se rendaient eux aussi sur le Larzac. C’est là, que des milliers d’Algériens de France, militants de l’indépendance, ont été internés, pendant près de trois ans, en vertu d’une justice d’exception. «En 1957, quand l’on étend à la métropole les pouvoirs spéciaux en vigueur en Algérie, des voix s’élèvent pour limiter l’internement aux Algériens déjà inquiétés par la justice», raconte l’historienne Sylvie Thénault qui a coordonné au début des années 2000 un imposant travail de recherche sur l’internement des Algériens en France.

Mais à peine un an plus tard, l’exception policière devient une règle. Après une offensive du FLN durant l’été 1