«Un grand vide.» Robert Gastal, agriculteur à La Cavalerie, le reconnaît, dans le grand récit collectif et enthousiaste de la lutte du Larzac, un morceau d’histoire est resté dans l’ombre : l’Algérie. En dix ans de publication du journal militant, Gardarem Lo Larzac, il n’en est question nulle part. Tout juste une ligne mentionne ce lien historique, dans une exposition rétrospective actuellement visible à Millau. Le Larzac a pourtant un lien indéfectible avec l’Algérie. Robert Gastal y a justement fait son service militaire, infirmier, soignant aussi certains Algériens torturés. En 1959, il retrouve avec surprise dans le train Paris-Millau «des Algériens menottés, escortés par des gendarmes» qui se rendaient eux aussi sur le Larzac. C’est là, que des milliers d’Algériens de France, militants de l’indépendance, ont été internés, pendant près de trois ans, en vertu d’une justice d’exception. «En 1957, quand l’on étend à la métropole les pouvoirs spéciaux en vigueur en Algérie, des voix s’élèvent pour limiter l’internement aux Algériens déjà inquiétés par la justice», raconte l’historienne Sylvie Thénault qui a coordonné au début des années 2000 un imposant travail de recherche sur l’internement des Algériens en France.
Mais à peine un an plus tard, l’exception policière devient une règle. Après une offensive du FLN durant l’été 1