Il y a un an jour pour jour, la publication dans nos colonnes de l’histoire de Nabil El Hanni avait suscité de vives réactions. Ce livreur sans papiers marocain exerçait dans des conditions difficiles pour le compte de Frichti et n’était plus payé depuis plusieurs semaines. Le jour de la publication de notre enquête, la plateforme française de livraison de repas décidait immédiatement de suspendre les comptes de tous les livreurs sans papiers de sa flotte, principalement originaires d’Afrique subsaharienne. Ce faisant, elle les mettait à la porte sans préavis.
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Spontanément, les livreurs ont alors décidé de se mobiliser pour revendiquer leurs droits. Une lutte qui a permis de mettre le doigt sur l’ampleur du phénomène de recours aux travailleurs sans papiers : sur les 500 coursiers que revendiquait Frichti en France, plus de 200 étaient en situation irrégulière. Désormais sans emploi, ils ont rapidement exigé ce qu’il y avait de plus précieux pour eux : un titre de séjour.
Leur mobilisation a posé une équation inédite aux pouvoirs publics. Jusqu’alors, jamais des autoentrepreneurs ne s’étaient mobilisés pour réclamer l’accès à une régularisation par le travail. Celle-ci est rendue possible aux salariés par la circulaire Valls de 2012, qui en fixe les conditions d’accès : cinq ans de présence en France, huit fiches de paye et l’obtention d’un formul