Après avoir échangé quelques mots avec les enseignants, les parents repartent chez eux, enfant à la main et cartable sous le bras. Il est 16 h 30 lundi 20 novembre quand Mariatu et Alimamy franchissent dans l’autre sens le portail blanc de l’école Molière à Blois (Loir-et-Cher). Sur la pointe des pieds, la tête baissée, comme s’ils voulaient disparaître dans leurs vestes de survêtement. Leur fille de 3 ans récupérée, le couple âgé d’une vingtaine d’années file dans une salle de classe excentrée où des dessins d’enfants à la peinture sèchent sur les tables. En journée, on fait de l’art plastique ici. Mais depuis six jours, la nuit, la pièce fait office de chambre pour la famille, arrivée en France en octobre, trois ans après leur départ de Sierra Leone.
«Mercredi, on a reçu un coup de fil de l’accueil de jour du planning familial, qui cherchait une école pour scolariser une petite fille, ce qu’on a accepté, retrace Pierre, le directeur de l’école. J’ai alors demandé ce que la famille faisait le soir. On m’a répondu que les centres d’accueil étaient saturés et qu’ils allaient dormir dans un parc, sous la pluie, avec un duvet pour trois.» Le trentenaire aux cheveux courts et aux oreilles percées passe des coups de fil et finit par obtenir une autorisation de la ville pour les faire dormir au sein de l’école.
«Obligé de faire quelque chose»
La municipalité accepte de laisser le chauffage tourner pendant la nuit pour leur éviter de rester dans le froid. L’école prête des matelas. Des enseignants rap