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Les habitants de la Ménardière, résidence partagée pour seniors gérée en coopérative, ont décidé de vieillir ensemble, à Bérat, le 21 mars 2025.Les habitants de la Ménardière, résidence partagée pour seniors gérée en coopérative, ont décidé de vieillir ensemble, à Bérat, le 21 mars 2025. (Ulrich Lebeuf/Myop pour Libération)

Reportage

«A la retraite, la vie continue» : ni Ehpad ni maison de retraite, à la Ménardière, les vieux s’autogèrent

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En Haute-Garonne, un collectif de seniors a acquis en coopérative une vaste maison pour y passer ses vieux jours loin de tout Ehpad. Mais aussi organiser des saisons culturelles riches qui profitent au village.
publié le 29 mars 2025 à 14h25

Ils sont là, assis dans la cuisine autour d’une table massive en bois sombre, chinée pour un rien dans une salle des ventes de Toulouse. Ils sont trois, puis cinq. Puis l’adjoint au maire en charge des questions sociales passe. Il discute, souriant, moustachu, ingurgite un café, repart. Dehors, il pleuviote. Débarque alors depuis le salon un chorégraphe en résidence, invité quelques jours par une école de danse locale. Il occupe une chambre d’hôte au premier étage. Il salue les cinq seniors, enchanté par ce lieu qu’il découvre, les petits tableaux au mur, le calme du grand jardin, puis quitte la propriété pour donner un cours. Où sommes-nous ? Dans une grande maison de maître du XVIIIe siècle, à Bérat, en Haute-Garonne. Dans un habitat partagé autogéré pour personnes âgées. Dans un laboratoire où se construit au jour le jour une alternative à l’Ehpad. Tout cela à la fois, avec un nom : la Ménardière.

«Comment les vieux peuvent-ils faire société jusqu’au bout de la vie ? pose Anne-Marie Faucon, 78 ans, initiatrice du projet avec son compagnon, Michel Malacarnet, 81 ans. L’idée, c’est de ne pas accepter ce qui existe, les Ehpad ou les maisons de retraite.» «Les Ehpad sont réservés aux personnes dépendantes. On y trouve tous les problèmes du monde de la santé : sous-effectif, engorgement», poursuit Dominique, 73 ans, ancien gériatre. A l’autre bout de la table, Sylvie, 65 ans, ancienne brocanteuse, conclut : «Il faut repenser les rapports humains en génér

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