Menu
Libération
Logement

A Marseille, Benoît Payan promet «la réglementation la plus stricte de France pour lutter contre Airbnb»

Crise du logementdossier
Dans une interview, dimanche 6 octobre, le maire de Marseille a annoncé son intention d’«interdire à des gens dont la résidence secondaire devrait servir à de la location normale de mettre leur logement en Airbnb».
Benoît Payan, près de la mairie de Marseille, le 1er septembre 2021. (Patrick Gherdoussi/Divergence pour Libération)
publié le 7 octobre 2024 à 16h08

«La vie tranquille de ceux qui empêchent les Marseillaises et les Marseillais de se loger, c’est terminé.» Invité de l’émission Rue de la République sur la radio Maritima, dimanche, Benoît Payan s’est insurgé du «système vicieux qui s’est installé avec Airbnb» à Marseille, où le recours accru aux locations touristiques saisonnières aggrave la crise locative, en diminuant le nombre de logements disponibles et en pesant sur les loyers de ceux qui restent. Pour lutter contre cette «Airbnbisation» de la ville, le maire de Marseille a annoncé son intention d’aller «au bout du bout de la loi» : «Je vais interdire à des gens dont la résidence secondaire devrait servir à de la location normale [...] de mettre leur logement en Airbnb», a-t-il martelé, en réponse aux questions du journaliste de Maritima Didier Gesualdi et de son confrère de la Marseillaise Léo Purguette.

Règle de compensation

Officiellement, pour louer sur Airbnb un logement considéré comme une résidence secondaire, il faut d’abord demander une autorisation préalable de changement d’usage à la mairie, pour le transformer en «meublé de tourisme», une mesure mise en place dans les grandes villes françaises pour les aider à encadrer la pratique en zone tendue. Le maire de Marseille a affirmé dans son interview qu’avant l’arrivée en 2020 de la gauche aux manettes de la ville, seulement «4% des demandes étaient refusées», contre «82%» actuellement.

La mairie a donc les outils en main pour serrer la vis, comme à Saint-Malo, où des quotas de locations de courte durée ont été mis en place (1 696 en tout sur la ville). «A Marseille, il y aura la réglementation la plus stricte et la plus forte de France pour lutter contre Airbnb», a ajouté Benoît Payan. Les propriétaires d’une résidence secondaire marseillaise souhaitant la louer sur Airbnb «ne pourront le faire [qu’]à une seule condition : qu’ils rachètent un logement et qu’ils le mettent en location normale». Cette règle de compensation, prévue par la loi, est également en usage à Paris.

«75% des propriétaires de Airbnb ne sont pas des Marseillais»

En 2023, selon les chiffres de la mairie, 12 000 logements marseillais étaient mis en location sur les plateformes de location de courte durée, marché dominé à plus de 80% par Airbnb. Par ailleurs, selon le maire de Marseille, «75% des propriétaires de Airbnb ne sont pas des Marseillais» : «C’est-à-dire que des gens viennent à Marseille, achètent une résidence, font croire que c’est leur résidence secondaire, et font du Airbnb. Maintenant c’est fini.»

Pour lutter contre les abus liés à la plateforme, et alors que la contestation populaire contre Airbnb enflait ces dernières années dans la ville, la municipalité avait déjà créé, comme Paris avant elle, une «brigade Airbnb» chargée d’identifier les annonces illégales, en ligne et sur le terrain. A Marseille, ces six agents assermentés ont encore beaucoup de pain sur la planche.