Image saisissante que celle d’Ibrahim Mohamed Soilihi assis dans son salon, ciel bleu comme plafond. Derrière lui, la cuisine flambant neuve n’a encore jamais servi. «Ici aussi à Tsingoni, on a pris cher», explique-t-il. Cette maison en béton à un étage, comme il y en a des milliers à Mayotte, a vu son toit et sa charpente s’envoler. Le 14 décembre, lorsque Chido a frappé, Ibrahim Mohamed Soilihi était au travail. Il exerce comme ambulancier à Combani, dans une annexe du centre hospitalier de Mayotte.
Sans nouvelles des siens, il a fait huit kilomètres à pied en enjambant les arbres couchés sur la route pour finalement découvrir sa famille prostrée au rez-de-chaussée d’une maison ouverte comme une boîte de conserve. Une bâtisse qu’il venait d’achever, quasiment le projet d’une vie. «C’est un terrain familial. J’avais cette idée en tête depuis que je suis jeune homme.» Dès sa première paie, il met de l’argent de côté pour acheter des agglos en béton et poser les premières pierres en 2008. Aujourd’hui, Ibrahim Mohamed Soilihi n’a ni l’énergie, ni l’argent pour reconstruire. Il tient dans sa main une feuille distribuée par la mairie. «On nous a donné des imprimés de déclaration de sinistre, mais à quoi ça sert ?» Comme la majorité des petits propriétaires de l’archipel, l’homme n’est pas assuré.
«Epargne parpaing»
Attila Cheyssial habite aussi Tsingoni. Cet architecte et sociologue a produit avec son agence Harappa une première évaluation des effets du cyclone sur l’habitat.