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Logement

A Paris, la taxe foncière va passer à 20,5 % en 2023

Pour faire face à l’inflation et maintenir un haut niveau d’investissements, Anne Hidalgo annonce une hausse de 7 points de la taxe foncière. L’opposition accuse la maire de «saigner les Parisiens». Rien que ça.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, en visite dans un appartement en cours de rénovation énergétique, le 13 septembre à Paris. (Romain Gaillard /AFP)
publié le 7 novembre 2022 à 18h27

C’est par un message très solennel qu’Anne Hidalgo, la maire PS de la capitale, s’est adressée ce lundi aux «Parisiennes et aux Parisiens». Mais il faut attendre la fin de sa lettre, diffusée sur Twitter, pour découvrir son objet : pour faire face à l’inflation, maintenir «une haute qualité» de services publics et continuer à investir – dans le logement, la transition écologique ou l’embellissement du cadre de vie –, la municipalité a décidé d’augmenter de 7 points la taxe foncière. Ainsi, dès 2023, les propriétaires de logements devront acquitter un impôt de 20,5 %, contre 13,5 % jusque-là. La maire de Paris va proposer cette augmentation au prochain Conseil de Paris, qui se tient la semaine prochaine.

La taxe foncière «est aujourd’hui à Paris la plus basse de France à 13,5 %, contre 41,61 % en moyenne dans les grandes villes françaises, et elle n’a pas augmenté depuis 2011», relativise la cheffe de l’exécutif parisien. En outre, en seront exemptées à 100 % deux catégories de propriétaires : ceux qui «auront investi dans la rénovation thermique de leur appartement» entre 2020 et 2026 et ceux qui ont de faibles revenus, comme les titulaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) et de l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI).

«Difficultés inédites»

Ne pas toucher aux impôts locaux était pourtant une promesse de campagne des municipales de 2020. Mais la conjoncture en a décidé autrement. «Dans un contexte national et international préoccupant, marqué par le dérèglement climatique, la crise énergétique et une forte inflation, toutes les communes font face à des difficultés inédites», souligne la maire. Or, cette situation «n’a pas été prise en compte par le gouvernement : pas d’indexation des moyens pour tenir compte de l’inflation, ni de l’augmentation des coûts de l’énergie». De fait, Paris anticipe pour 2023 une augmentation d’«au moins 100 millions d’euros sur toutes les dépenses énergétiques», a précisé Paul Simondon, l’adjoint PS en charge des finances et du budget. En face, cette mesure, soutenue par les Verts, membres de la majorité municipale, devait rapporter 586 millions par an, a-t-il chiffré.

La maire de Paris reproche aussi au gouvernement d’«avoir refusé d’examiner les amendements soutenus par les associations de maires», comme de «faire contribuer davantage les propriétaires de résidences secondaires et de logements laissés vides» ou d’«augmenter la taxe de séjour pour les hôtels de luxe et les palaces, aujourd’hui dérisoire». L’exécutif n’est pas sourd pour autant aux difficultés des collectivités locales : il a annoncé la mise en place d’un «amortisseur électricité» pour les villes qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire (sur les 35 000 communes françaises, seules les 28 000 à 30 000 communes les plus petites sont concernées). Et le projet de loi de finances pour 2023 prévoit une hausse – conséquente – de 320 millions d’euros de la dotation globale de fonctionnement (DGF), destinée aux collectivités locales.

«La ville continue de saigner les Parisiens»

«Nous l’avions annoncé : après avoir vidé les caisses, Anne Hidalgo prend désormais l’argent dans la poche des Parisiens en augmentant les impôts locaux !» a réagi sur Twitter le groupe Changer Paris, dirigé par Rachida Dati. Dans un communiqué, l’opposition de droite a dénoncé «l’explosion de la dette parisienne, qui atteint 10 milliards d’euros», et des «recettes fiscales qui n’ont cessé d’augmenter, passant de 5,1 à 6,5 milliards d’euros sous le mandat d’Anne Hidalgo». Oubliant de mentionner que la ville a vu sa notation financière AA confirmée par l’agence Standard and Poor’s en septembre, une note assortie d’une perspective stable.

Et d’ajouter, sans craindre l’emphase : «Aujourd’hui, la ville continue de saigner les Parisiens.» Pourtant, selon l’Insee, le patrimoine net moyen des ménages parisiens s’élevait à 321 000 euros en 2018, contre 240 000 euros sur l’ensemble du territoire. La différence est encore plus marquée pour les 10 % les mieux dotés, surreprésentés dans les arrondissements dirigés par la droite : 759 600 euros, contre 549 600 pour la moyenne des Français les mieux lotis. Avant de «saigner les Parisiens», Anne Hidalgo a de la marge.